5 ans après avoir tué le père, ils exterminent sa famille. Les hordes terroristes semblent emportées dans une folie meurtrière que ne peut étancher le sang des innocents qu'elles font couler dans le pays. Hier, c'était Aïn Defla, quelques jours avant la faucheuse était passée par Larbaâ et mardi elle a jeté ses sombres ailes sur la paisible ville de Tiaret. Les criminels de Abou Tourab ont tué 10 personnes toutes membres d'une même famille au quartier du Stade de la ville des Rostomides. Leur seul tort était d'avoir fui le s que leur faisaient subir les terroristes, à El-Melaâb, dans un douar enclavé de Tissemsilt, pour des lieux plus cléments. Au mois de février 1995, le père, Boualem, âgé alors de 60 ans, refusant de collaborer avec les hordes de Kada Benchiha, avait été exécuté devant ses enfants à l'arme blanche dans la vieille masure qu'il occupait dans la localité d'El-Melaâb dans la wilaya de Tissemsilt. Ses enfants, pour échapper au cauchemar qu'ils avaient vécu, ont fui la région pour des lieux plus sûrs: au quartier du Stade - un enchevêtrement de petites masures adossées les unes aux autres, et des lieux qu'on appelle communément le nid des pauvres - ils s'installent et coulent des jours heureux jusqu'à cette funeste nuit de mardi ou la bête immonde les a rattrapés pour les tuer un à un. Il était 21h, quand un groupe composé de 5 à 6 individus, armés de kalachnikovs et de fusils à canon scié, a fait irruption dans le quartier pour investir la demeure de la famille Boualem. Les assaillants entrent dans la petite demeure et alignent les occupants comme devant un peloton d'exécution. Mais pour mieux accomplir leur sale besogne, ils demandent à la mère d'appeler ses autres enfants qui se trouvaient ailleurs. Cette dernière s'exécute en appelant son fils Abdelkader, un adolescent âgé à peine de 14 ans qui était non loin de la maison avec ses amis de quartier. Il répondra à l'appel de sa mère, mais quand il franchit le pas de la porte, il reconnut les visiteurs, des visages qui lui ont rappelé la nuit de cauchemar qu'il avait vécue quand le GIA avait décidé de tuer son père. Il fit marche arrière et se sauva à grandes enjambées. Dans sa fuite, il est touché par une rafale à la main, mais il continua à courir pour se mettre à l'abri. Terré derrière un buisson, il entendra plusieurs corps de fusils à canon scié et des rafales de kalachnikov. Il sut alors que les terroristes venaient de commettre l'irréparable chez lui, que sa famille venait d'être massacrée. Sur les lieux, les criminels avaient aligné leurs victimes puis, comme dans un film d'épouvante, les appelaient pour les abattre d'une balle dans la nuque. Les cris et les supplications de la petite Sakina, âgée de 8 ans, n'arrêteront pas les criminels qui, pour la faire taire, lui ôteront la vie en plaquant le canon d'un fusil de chasse sur sa frêle nuque. Son bourreau tirera par deux fois avant de laisser choir son corps déchiqueté sur le sol. La petite Bedouia, avec l'innocence de ses 3 ans, voyait faire, mais elle ne savait pas la pauvre que les hommes qui malmenaient sa famille étaient des tueurs qui éliminaient un à un les siens. Au total ce furent 5 enfants, âgés entre 3 et 14 ans qui périront dans cette sanglante expédition. Hanane (5 ans), Bedouia (3), Adlane (4), Sakina (8), et Azzedine (14). 4 adultes ont payé aussi, de leur vie l'acharnement des hordes terroristes. Ceux qui avaient assassiné le père Boualem avaient, à l'époque, juré de faire payer sa famille. Sa mort ne leur avait pas suffi, ils voulaient plus de sang. Son fils Abdelkader a reconnu deux des criminels. Ils ne sont pas originaires de Tiaret puisqu'ils ont demandé leur chemin à des jeunes qui étaient assis dehors. Ils ont pris la fuite en se dirigeant du mauvais côté, le quartier «Dar oukouzina», où des terroristes avaient tué, il y a 10 mois, dans un appartement, 4 couples. Selon des témoignages de la région, ceux qui ont accompli la sale besogne ont placé leurs acolytes aux abords du quartier pour assurer leur retraite. C'est pourquoi, les services de sécurité, sitôt alertés, ont procédé au bouclage de tout le secteur et entamé un vaste ratissage, qui se poursuit toujours. Il y a environ 2 mois, 2 attentats simultanés commis à Tiaret et à Ksar Chellala, avaient fait 31 morts. Tiaret, qui a payé très cher son refus d'abdiquer devant les forces du mal, a repris à vivre après avoir conjuré le mauvais sort et vaincu sa peur. Malheureusement, le manque de vigilance, le laxisme et une certaine nonchalance ont fait que la bête relève la tête pour faucher et faucher encore jusqu'à n'en plus pouvoir.