Certes, le phénomène n'est pas nouveau, mais il touche de plus en plus les adolescents et l'élément féminin. Le drame se poursuit sur nos côtes. Les tentatives de l'aventure dans des embarcations de fortune se multiplient. Une nouvelle arrestation de 19 clandestins a été signalée au large d'Arzew à Oran. Agées entre 22 et 39 ans, ces personnes qui tentaient de joindre l'autre rive ont été repêchés hier matin par les services des gardes-côtes. Cette arrestation est la énième du genre depuis le début de l'été. Samedi dernier, vingt-sept harraga dont deux femmes et un mineur, ont été interceptés à 20 milles marins au nord de Ras El Hamra sur les côtes de Annaba. Certes, le phénomène n'est pas nouveau, mais il touche de plus en plus les adolescents et les femmes. Ce qui démontre que le problème est d'une grande gravité, voire inquiétant. Pis encore, le 12 juillet dernier, une femme enceinte faisait partie d'un groupe de 18 harraga qui a été intercepté au large de la côte oranaise. Ce cas de figure illustre la détresse dans laquelle se débat une partie de la société. Rongés par le désespoir, la mal-vie et l'absence de prise en charge et exaspérés par la hogra et la chippa, les jeunes ne pensent qu'à aller vivre sous d'autres cieux. «J'ai tenté de fuir la misère dans laquelle je vis, notamment les conditions sociales difficiles», a avoué la femme enceinte. Elle a confié qu'elle voulait accoucher de son bébé «dans un monde meilleur, outre-mer où son époux se trouverait». «Lui a réussi la traversée la semaine dernière», dit-elle avant de lancer: «Nous ne voulons rien d'autre que de quitter ce pays qui ne nous donne rien!». Les propos de cette femme donnent un aperçu de la souffrance de ces citoyens qui ne croient plus au discours politique et préfèrent prendre leur sort en main. Le 4 juillet dernier, vingt-cinq harraga ont encore été interceptés toujours au large de Ras El Hamra à Annaba. Parmi ces harraga figurent deux mineurs de 17 ans. Ce groupe avait embarqué à bord d'une barque de fabrication artisanale, au niveau de la plage de Sidi Salem, dans l'espoir de rejoindre l'autre rive de la Méditerranée, a précisé notre source. Ces éléments sont âgés entre 17 et 35 ans et sont originaires de Annaba, Tébessa, Khenchela et Alger. Ils ont été présentés le jour même devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba. La veille, soit le 3 juillet, 17 autres harraga ont été secourus par des pêcheurs au niveau de la localité de Dellys, à l'est de Boumerdès. Ces jeunes qui avaient pris la mer à destination des côtes espagnoles se sont constitués, selon des témoins et des proches, en un groupe de 30 personnes de la région. Concernant le groupe des treize restants aucune trace d'eux n'a été trouvée. Ces arrestations portent le nombre des harraga interceptés à 106 personnes durant ce mois de juillet. En juin dernier, ils étaient plus de 200 harraga arrêtés à travers nos côtes. A Annaba seulement, le chef de la station maritime principale des gardes-côtes, M.Zaïdi, avance que plus de 300 harraga ont été arrêtés au large de Annaba depuis le début de l'année en cours. Rien que pour les mois de juin-juillet, près de 170 candidats à l'émigration clandestine ont été interceptés au large des côtes annabies par les patrouilles des gardes-côtes. Ces derneirs ont ainsi intercepté pas moins de 140 personnes à bord d'embarcations artisanales. Le nombre exact des harraga doit être sans doute effarant sachant que plusieurs embarcations ont échappé au contrôle des patrouilles. Par ailleurs, l'emprisonnement des harraga n'a en aucun cas dissuadé les jeunes de renoncer à l'aventure en haute mer.