Cette revue se veut un support indispensable pour les activités multidisciplinaires que propose le CCA de Paris. «Le théâtre est un espace de création où les artistes des deux bords de la Méditerranée fabriquent des représentations communes du monde, préférant à des identités nationales figées, la parole d'hommes sans nom, voix modérées ayant toujours cru dans l'alliance entre les peuples, qui sont à même de construire un rapprochement entre les peuples, les cultures et les mentalités», a écrit René Chéneaux, metteur en scène, signataire de l'éditorial de ce 5e numéro de la revue Kalila, éditée par le Centre culturel algérien de Paris, conçue sous le signe de l'ouverture, marquée par la participation de très nombreuses plumes et non des moindres dans l'enrichissement de son contenu. Cette édition est dédiée au théâtre, un art mis à l'honneur à travers de nombreuses représentations prévues jusqu'à la fin de l'année en cours. Pour ce metteur en scène, l'art des tréteaux «apparaît comme un lieu de réconciliation, un espace pour laisser entrevoir que par-delà les conflits, et surtout par-delà les représentations uniformes de l'histoire, une communauté s'est créée de part et d'autre des frontières, dont la vertu et la douleur des pertes ou des exils fut d'engendrer un espace de pensée commun dont il conviendra un jour de trouver les bases politiques». Ziani Chérif Ayad, à qui l'on doit les plus belles pièces du patrimoine théâtral national contemporain, Kheirreddine Lardjam, de la troupe El Ajouad d'Oran, le comédien Sid-Ahmed Agoumi, le metteur en scène René Chéneaux, auteur de Trois voix pour les sirènes de Baghdad, apportent de précieux éclairages sur leur vision et leur pratique de l'art scénique. De même qu'ils présentent leurs oeuvres programmées sur la scène du CCA. Kalila donne également la parole à de nombreux invités à «se produire» au Centre culturel algérien, pour animer des galas, présenter leurs ouvrages, accrocher leurs toiles ou animer des rencontres scientifiques. L'historien français Olivier Lecour-Grand maison présente son dernier ouvrage La République impériale: politique et racisme d'Etat, le romancier algérien Wassini Laâredj évoque son dernier roman Les ailes de la reine. Le président de la Fondation Emir-Abdelkader, le Dr. Chamyl Boutaleb, parle avec passion, amour et admiration de la figure de la résistance algérienne contre l'occupant français, homme de lettres, philosophe et grand humaniste défenseur des droits de l'homme. Une grande place est également donnée à la présentation du programme d'animation «Spécial Ramadhan» ainsi qu'aux autres activités comme la projection de documentaires, les expositions de peinture dont celle très attendue de l'ancien professeur de l'Ecole des beaux-arts d'Oran, Otman Morsali. Le lecteur trouvera également d'autres informations sur le monde de l'édition avec la présentation du roman de Abdelkader Djemaï et de l'essai de Marie-Paule Ulloa consacré au militant de la cause nationale, Francis Jeanson, entre autres. Cette revue, d'une quarantaine de pages, distribuée gratuitement aux visiteurs du centre et aux autres institutions culturelles, se veut un support indispensable pour les activités multidisciplinaires que propose le CCA de Paris.