La mission surprise de Bill Clinton en Corée du Nord, qui a permis la libération de deux journalistes américaines, s'apparente à un champ de mines diplomatique pour la Maison Blanche qui a démenti que l'ancien président soit porteur d'un message de Barack Obama. La Maison Blanche a insisté sur le fait que la visite de Bill Clinton était une mission humanitaire d'ordre purement privée destinée à obtenir la libération des deux journalistes américaines, Laura Ling et Euna Lee. Ces dernières étaient en route hier matin vers Los Angeles en compagnie de l'ancien président américain, a annoncé son porte-parole. Pyongyang avait annoncé auparavant qu'elles allaient être graciées, M.Clinton ayant présenté des excuses au dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il pour le comportement des deux jeunes femmes, selon l'agence de presse officielle Kcna. La visite de M.Clinton pourrait permettre de faire baisser la tension entre les Etats-Unis et la Corée du Nord et d'offrir un rare aperçu de l'état d'esprit et de la santé de M.Kim. Les images de la télévision d'Etat nord-coréenne montrent M.Clinton au côté de M.Kim, 67 ans, dont la santé a fait l'objet de nombreuses spéculations. La Maison Blanche a démenti que l'ex-président américain soit porteur d'un message de M.Obama adressé à Kim Jong-Il, comme l'avaient affirmé peu avant les médias d'Etat nord-coréens. «Ce n'est pas vrai», a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Robert Gibbs, qui avait fait diffuser un communiqué avant la rencontre entre les deux hommes pour indiquer que la Maison Blanche ne ferait pas de commentaires sur l'initiative «purement privée» de M.Clinton. «Nous ne voulons pas risquer de compromettre le succès de la mission de l'ancien président Clinton», avait précisé M.Gibbs. Néanmoins, selon le site Internet d'analyse politique Politico.com, citant une source non identifiée, la Maison Blanche avait avalisé la mission, planifiée secrètement depuis des semaines. Les familles des deux reporters auraient pris contact avec l'ancien président après avoir appris du gouvernement nord-coréen qu'il libérerait les deux femmes si Bill Clinton venait sur place, d'après Politico. La mission de M.Clinton a mis la Maison Blanche dans une situation délicate, dans la mesure où elle tente de concilier la volonté de M.Obama de discuter avec Pyongyang avec une réponse dure à ses récents essais nucléaires et tirs de missiles. La Maison Blanche veut s'assurer que la Corée du Nord n'en tire aucun bénéfice et éviter le reproche de vouloir jouer l'apaisement. «Nous n'allons pas récompenser les provocations et les comportements belliqueux comme cela a été fait dans le passé», avait déclaré M.Obama en juin. Mais pour John Bolton, ancien «faucon» de l'administration Bush, c'est exactement le résultat atteint par la visite de Clinton. «Cela s'apparente dangereusement à une négociation avec des terroristes», a dit M.Bolton au sujet de cette visite. Même s'ils insistent sur le fait que la mission du mari de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton n'a rien d'officiel, les conseillers de M.Obama sont bien conscients que le leader nord-coréen va se servir de cette visite pour en obtenir une légitimation diplomatique. La visite de M.Clinton offre aussi à l'administration Obama la perspective d'obtenir des renseignements de première main sur la santé de Kim Jong-Il, ses intentions et la situation politique à Pyongyang.