A l'instar des autres régions du pays, la main-d'oeuvre chinoise pour la réalisation de projets immobiliers et autoroutiers est omniprésente à Bouira. Au chef-lieu, c'est une entreprise asiatique qui s'est chargée de la construction de quelque 600 logements. Un autre grand groupe est installé à Lakhdaria, au lieu-dit Guergour où lui a été confiée l'édification d'un tronçon de l'autoroute Est-Ouest. A leur arrivée sur le territoire national, les ouvriers chinois suscitaient la curiosité même chez les enfants qui regardaient, étonnés, ces petits hommes qui circulaient en groupe, ne parlaient à personne. Au marché hebdomadaire, les Chinois se distinguent par leur entêtement à marchander et tenter chaque fois de baisser les prix. Leur comportement énigmatique et différent de nos habitudes serait à l'origine de plusieurs clichés utilisés par la population. En plus d'être des mangeurs de chats, chiens, insectes, les Chinois sont pour beaucoup des «prisonniers» venus payer leur dette dans des chantiers. Dans leur base-vie, sise au milieu d'un quartier surpeuplé, ils s'occupent comme ils peuvent et il n'est pas rare de voir des ouvriers travailler à des heures tardives de la nuit. Pour la réalisation des gros oeuvres (dalles, poteaux...), ils utilisent des sonos qui émettent des chants patriotiques. Ce fait a poussé les riverains à se plaindre, une fois, auprès des autorités. La bonne qualité de leur travail fait l'unanimité auprès des citoyens. Aussi, n'hésitent-ils plus à se mêler à la société. Depuis quelque temps, les «Sinos», fréquentent, en groupe, les cafés et circulent en ville sans omettre de s'arrêter devant les vitrines. Cependant, ils n'achètent que rarement. Ils se contentent le plus souvent, d'étudier les prix et les coutumes vestimentaires des Algériens. Les commerçants voient d'un oeil sceptique toute acquisition au motif que c'est pour contrefaire l'article que les Chinois achètent. L'opinion des habitants de la cité des 140 Logts diffère entièrement puisque les riverains entretiennent d'excellentes relations avec ces étrangers. «Nous leur offrons de temps à autre du couscous, des mhadjeb, du sfendj...ils en raffolent», nous dira un citoyen. Pour leur part, ces Asiatiques tentent de donner une bonne image de leur pays quand l'occasion se présente. Ils ont même participé au dallage de la mosquée des 140 Logements, limitrophe de leur base-vie. Lors d'un mariage, la famille organisatrice de la fête a osé inviter les hôtes de l'Algérie. En venant à la fête, les Chinois se sont munis de cadeaux et ont offert au marié une centaine de caisses de limonade. Ces deux exemples laissent penser que l'isolement découle plus de la difficulté de la langue que d'une volonté délibérée de vivre en autarcie. Au bazar «Errahma», un stand de souliers est tenu par une Chinoise qui parle arabe et qui n'hésite pas à chausser ses clients. Du côté de Lakhdaria, le comportement est tout autre puisque par mesure de sécurité, les ouvriers chinois ne se déplacent que sous escorte. Ce fait les oblige à éviter la ville, les cafés, les marchés...