Attente n Sous le feu roulant d'attentats, les Afghans semblent plus que jamais déterminés à défier les talibans en allant voter. Ils se disent prêts à affronter la mort pour voter demain jeudi, après avoir assisté à la première véritable campagne électorale de leur histoire bien qu'ils doutent que leur prochain président puisse ramener la paix. Les quelque 17 millions d'électeurs inscrits ont jusqu'à demain 20 août pour choisir leur candidat ou s'abstenir pour le second scrutin présidentiel de l'histoire de leur pays, après 2004, et l'élection de leurs conseillers provinciaux. «Il y a des rumeurs selon lesquelles les talibans vont s'en prendre aux élections», reconnaît Amina, une veuve de 35 ans vivant dans la ville de Kandahar, au sud du pays, touchée par de multiples attaques rebelles. «Je mourrai peut-être, mais je voterai, en connaissance de cause. Je ne suis pas meilleure que d'autres. Je vais prendre le risque», dit-elle. Même si les rebelles n'ont jamais tué autant de soldats étrangers et de civils depuis 2001, et si l'Afghanistan reste le cinquième pays le plus pauvre du monde, les libertés y ont nettement progressé depuis la chute du régime fondamentaliste des talibans il y a près de huit ans. «Les élections sont un des principes essentiels de la démocratie et sont indispensables. Oui, il y a des problèmes, mais je pense que les Afghans vont voter», estime ce jeune diplômé de sciences politiques de l'université de Kandahar. «Il y aura des problèmes dans certains endroits, mais pas partout. Après tout, les explosions, les attentats suicide et les meurtres ne sont pas quelque chose de nouveau, les gens y sont habitués», dit-il. Malgré les menaces d'attaques des talibans, qui pourraient entraîner une forte abstention, l'Afghanistan a vécu cet été la première vraie campagne électorale de son histoire. Bien plus qu'aux élections de 2004 et 2005, les principaux candidats ont rassemblé des milliers de partisans dans de grands meetings, participé à des débats télévisés et arpenté inlassablement le territoire. Le gouvernement afghan s'est déclaré, hier, mardi, confiant dans la participation de la population aux élections, tout en appelant les médias locaux à ne pas parler des probables violences le matin du vote pour ne pas effrayer les électeurs. Des millions d'Afghans se sont inscrits cette année sur les listes électorales, preuve qu'ils sont «déterminés à voter», selon le porte-parole de la présidence. L'Afghanistan s'est réveillé ce mercredi matin avec une nouvelle attaque revendiquée par les talibans, un spectaculaire braquage de banque au cœur de Kaboul, dernier épisode d'une série de violences qui s'intensifie. Les attaques rebelles, qui se sont concentrées en particulier dans la capitale ces derniers jours, visent notamment à discréditer les forces afghanes et leurs alliés occidentaux, et effrayer les électeurs pour favoriser l'abstention et discréditer le processus électoral. Par ailleurs, si beaucoup d'Afghans considèrent le fait de voter comme un devoir, d'autres voient de bonnes raisons de s'abstenir, sans illusion sur le pouvoir de la population de faire évoluer une société rongée par la corruption et le népotisme, et alors qu'augmentent les craintes de fraudes électorales.