«J'ai tout donné, je suis content. Je suis en train d'entrer dans la légende.» Le Jamaïcain Usain Bolt a ajouté un nouveau record du monde du 200 mètres, en 19 sec 19/100, à sa panoplie des merveilles, qui a éclipsé une fois encore les autres finales de la 6e journée des Championnats du monde d'athlétisme, jeudi à Berlin. Après avoir amélioré sa marque planétaire sur 100 mètres (9.58), dimanche dernier, le triple champion olympique de Pékin a récidivé, mais sur le ton mineur. En référence à son chrono réalisé sur la ligne droite, le prodige vaut 19 secondes sur le double tour de piste. En théorie, sur les tablettes des statisticiens. Mais, c'est sans tenir compte de la fatigue des tours accumulés et aussi de sa moindre résistance à la vitesse, un domaine encore très perfectible et qu'il n'a pas suffisamment travaillé ces derniers mois. «J'ai tout donné, je suis content. Je suis en train d'entrer dans la légende», a souligné le showman, qui a amélioré de 11/100 sa marque de Pékin, établie il y a un an jour pour jour. A 23 ans, qu'il devait fêter hier avec modération, en prévision des séries du relais 4X100 mètres en soirée, Bolt, déjà qualifié de sprinteur du XXIe siècle pourtant à ses débuts, a le temps pour lui. Dans le sillage du sprinteur de fer, le prometteur (19 ans) Panaméen Alonso Edward, gabarit plus léger, a volé jusqu'à la 2e place, en 19 sec 81, devant les Américains Wallace Spearmon (19.85) et Shawn Crawford (19.89). La Jamaïque a confirmé sa domination sur le sprint, plat ou avec obstacles. Après Brigitte Foster-Hylton, médaille d'or mercredi du 100 m haies, Melaine Walker, championne olympique, a gagné le 400 m haies, avec le 2e chrono de l'histoire (52.42), à 8/100 du record du monde (52.34) établi par la Russe Yuliya Pechonkina en 2003. Walker a devancé l'Américaine Lashinda Demus (52.96) et la Trinitéenne Josanne Lucas (53.20). Après la Trinidad, ce fut à la Barbade de s'inviter à la fête désormais permanente des Caraïbes. Grâce à Ryan Brathwaite, lauréat surprise du 110 m haies, l'île a conquis la première médaille mondiale en athlétisme de son histoire. En 13 sec 14, Brathwaite a battu son record national pour devancer d'un centième dans l'ordre les expérimentés Américains Terrence Trammell et David Payne. Le jeune homme de 21 ans était arrivé «caché» à Berlin, avec une marque personnelle de 13 sec 23 qui le situait au 8e rang mondial en 2009. Le Barbadien a aussi profité de la blessure du Cubain Dayron Robles, champion olympique et détenteur du record du monde (12.87). Le crack de Guantananmo, déjà à la peine à la veille en série, a abandonné en demi-finale après trois haies, en se tenant l'arrière de la cuisse gauche. La hauteur féminine n'a pas échappé comme de tradition à l'Europe. La Croate Blanka Vlasic, des bords de la mer Adriatique, a conservé son titre. La vice-championne olympique de Pékin a été la seule à franchir 2,04 m. La Russe Anna Chicherova, déjà sa dauphine à Osaka, a récidivé pour précéder aux essais, à 2,02 m, l'Allemande Ariane Friedrich, forcément déçue. «La pression était sur moi. Je savais que cela allait être difficile. C'est aussi dur que si cela avait été la première fois», a expliqué Vlasic. Juste avant les qualifications mardi, l'athlète aux longues jambes s'était fait une grande frayeur en s'ouvrant le crâne lors de l'échauffement dans son hôtel. En l'absence de son compatriote et champion olympique Bryan Clay, blessé, Trey Hardee a permis aux Etats-Unis de conserver le titre du décathlon. Avec 8790 pts, Hardee n'a jamais perdu la tête au fil des dix travaux d'Hercule, pour finalement devancer, après le chemin de croix du 1500 mètres, le Cubain Leonel Suarez (8640 pts) et le Russe Aleksandr Pogorelov (8528 pts).