Pour sa première soirée ramadhanesque, le Palais de la culture Moufdi-Zakaria a gagné le pari de programmer un événement pas très courant chez nous. La comédienne Rym Takoucht s'est distinguée mercredi dernier dans un one woman show original et bien singulier. Une fois n'est pas coutume, la comédienne de Mascarades (de Lyès Salem), nous a dévoilé notamment une facette bien audacieuse de sa personnalité. Intitulé Zbida show, ce spectacle délirant et hilarant raconte la vie tumultueuse d'une femme populaire qui possédait un F4 et était tellement généreuse, qu'elle n'a cessé d'offrir à qui le voulait une pièce, une chambre ou un salon de son appart et ce, pour toute personne qui viendrait se plaindre de la mal-vie, la misère, l'injustice et de la crise du logement...jusqu'à ce qu'elle se retrouve dehors. «C'est une personne qui parle beaucoup, elle pense avoir tout compris de la vie, de la politique, de la culture, de l'économie...» A force de parler beaucoup, sa langue lui attire des ennuis. Direction l'hôpital. Sa langue explose et pour la recoudre, on lui rajoute plus de 4 centimètres. Elle devient plus que «pendue». «Zbida représente en quelque sorte l'Algérie. Aussi la souffrance de la femme. Le contact direct avec le public et le côté interactif étaient, bien évidemment, souhaités. Je voulais vraiment distraire le public et l'éloigner de ses soucis, le temps du spectacle. Autrement dit, tu ne vois pas, tu regardes, tu ris et tu pars. Non, toi aussi tu t'exprimes», nous a confié en aparté, à la fin du spectacle, Rym Takoucht. Elle qui a étudié le théâtre à l'Ecole d'art dramatique de Bordj El Kiffan ne prétend se prévaloir et n'appartenir à aucune école ou courant car, dit-elle, «j'aime me doter d'une certaine liberté de mouvement pour faire ce que je veux. L'essentiel pour moi est de créer. La scène est synonyme de liberté. L'artiste doit être polyvalent, doit pouvoir jouer, chanter, bouger...J'ai monté ma propre coopérative et c'est grâce à elle que j'ai pu faire ce one woman show.» Joué par Rym Takoucht le texte est signé Djamel Hamouda, auteur de Khabat kraou de Hakim Dekkar et Ma Yabka filoued ghir hjarou de Dalila Hlilou...C'est pourquoi Rym lui fait un petit clin d'oeil dans le spectacle. «Le fait de ne pas être montée sur scène, c'était comme une asphyxie, il fallait donc que je fasse ce spectacle» avoue-t-elle. C'est avec intelligence, légèreté et humour vache qu'est décliné ce one woman show qui fait appel à la caricature de plusieurs personnages qui gravitent autour de Zbida. On peut citer Septi politique, Tahar Benaïssa, Amri 80 etc. «Il y a des choses en nous qui doivent sortir et qu'on doit dire absolument et Zbida Zef m'a poussé à le faire», explique l'humoriste. Beaucoup de sujets sont cloués au pilori ou remis en question, des notions comme l'âge dans le mariage, la cohabitation sociale, l'amour, la bravoure, le mercantilisme, la dignité, le sens des relations et des valeurs humaines. Bref, Zbida Show est une belle satire de la société algérienne faisant clairement sous-entendre que tout va mal mais en même temps tout va bien. Il vaut mieux rire de ses malheurs que d'en pleurer...comme diraient certains. Habile et généreuse sur scène, Rym Takoucht qui n'hésitera pas à chanter et à danser, a su capter l'attention du public et l'accrocher en jouant parfois avec ses sentiments mais dans le bon sens du terme. C'est ce qu'on appelle un spectacle vivant où l'émotion rivalise avec la sacralité de la philosophie humaine et que l'artiste est parvenue à transmette avec simplicité et talent prouvé. Avec du caractère et une certaine force tranquille Zbida Show est, pour info, programmé dans 17 wilayas à travers le territoire national. Après Médéa hier, le one man show sera joué notamment à Rouiba, Batna, Oum El Bouaghi, etc. A découvrir absolument!