La collecte de la zakat el-fitr débutera le 15 du mois de Ramadhan en cours. Elle est fixée, cette année, à 100 DA. C'est ce qu'a déclaré, mardi, M.Bouabdallah Ghlamallah, ministre des Affaires religieuses et des Wakfs. Invité de l'émission Les points sur les i de Radio Algérie internationale, il a annoncé que les associations des mosquées sont à pied d'oeuvre pour procéder à la collecte de cet «impôt religieux» et ce, au niveau des mosquées. Elle sera distribuée ensuite aux nécessiteux avant la fête de l'Aïd toujours par le biais des dites associations. Cependant, ce procédé de la collecte de la zakat el-fitr est fortement boudé par de nombreux fidèles. Et pour cause. Le citoyen algérien n'a plus confiance en tout ce qui porte le cachet de l'Etat, comme l'ont affirmé plusieurs experts. C'est aussi l'avis de M.Farès Mesdour. Cet expert international en économie islamique, joint hier, a expliqué les raisons d'un telle absence de confiance. Se référant à sa propre expérience, il a avoué que cet état de fait est motivé par l'anarchie totale qui règne dans les mosquées durant les deux derniers jours du Ramadhan où la zakat est distribuée. Selon lui, aucune enquête rigoureuse n'est menée pour distinguer le bon grain de l'ivraie. «C'est des formulaires qui sont distribués au niveau des mosquées. N'importe qui peut se les approprier et bénéficier ainsi de l'argent de la zakat, même ceux qui sont loin d'être dans le besoin», a regretté M.Mesdour. En effet, ni les associations des mosquées, ni les comités de quartier ne font un travail d'investigation afin de désigner les véritables nécessiteux. Pour y remédier, l'économiste préconise qu'une liste soit rendue publique, afin de permettre aux comités de quartiers de «trier les bénéficiaires de l'argent de la zakat pour que ce dernier n'atterrisse pas dans les poches des indus». Dans le même contexte, M.Farès Mesdour n'y a pas été avec le dos de la cuillère pour fustiger certains de nos ministre qui se plaisent à «cacher le soleil avec un tamis» et cela en réponse à MM.Djamel Ould Abbès et Bouabdallah Ghlamallah, respectivement ministre de la Solidarité, de la Population et de la Communauté algérienne établie à l'étranger et ministre des Affaires religieuses et des Wakfs qui ne ratent aucune occasion pour dire que la pauvreté est inexistante en Algérie. «Il suffit de voir tout ce beau monde qui n'hésite pas à fouiller dans les poubelles et autres décharges publiques pour trouver un quignon de pain à se mettre sous la dent», a-t-il souligné. Selon lui, «au minimum, 25% de la population algérienne ne mangent pas à leur faim, sachant que la famine est beaucoup plus grave que la pauvreté». A ce sujet, il a tenu à rappeler les milliers de nécessiteux qui, soit par honte ou par découragement, ne viennent jamais chercher leur part de la zakat. Preuve en est, les membres d'une même famille qui, il y a quelque temps, ont été évacués en urgence à l'hôpital de Boufarik pour des raisons que personne ne pourrait croire: ils mourraient de faim dans un pays riche. Mais au moment aussi où l'argent de la zakat récolté l'année passée a atteint les 280 milliards de centimes. Dire que la récolte est estimée cette année à 350 milliards de centimes, sachant que la zakat est une obligation et pour les riches et pour les pauvres. Reste à savoir la destination de cette fortune qui pourrait, mine de rien, faire des heureux parmi les familles nécessiteuses qui deviennent, jour après jour, plus nombreuses.