«Le florilège qu'il nous propose dans cet album est de ceux qui illustrent tout l'écart entre un métier et une vocation», signe son éditeur Dalimen. C'est à une bien sympathique rencontre avec thé et petit boeuf musical que nous avons été conviés, vendredi soir, à la librairie Point-virgule de Chéraga. L'occasion était la sortie aux éditions Dalimen du recueil de dessins du caricaturiste Le Hic. Nage dans ta mer est le nom du livre de notre cher confrère, regroupant près de trois cents dessins croqués entre 2006 et 2008. Un premier livre d'une aventure qui promet de ne pas s'arrêter confie-t-il. Le Hic, de sa plume acerbe et éclairée, mais non dénué d'humour, décortique et croque la société avec ses maux et paradoxes, ses légèretés et folies. De l'augmentation des salaires, à la corruption du système, l'instabilité politique en passant par les fléaux sociaux comme les harraga, son leitmotiv, Le Hic ne laisse rien au hasard et couche sur ses feuilles, son imagination la plus fertile, rompue à toute épreuve esthétique de dessins qui font mouche! De l'Algérie en flirtant par ce qui se passe autour de nous dans le globe et secoue le monde, les guerres, le Proche-Orient, l'Irak, la crise,Ben Laden, le pétrole, ainsi que les politiques étrangères, au USA, en France et eu Europe etc. C'est un bel aréopage de ses dessins reflétant notre époque qui est traduit ici dans ce livre qui nous narre notre Histoire, notre vie, notre pays avec ses travers, sa décadence, ses côtés insolites et dérisoires, parfois qui prêtent à sourire et d'autres qui vous font pleurer. C'est aussi cela la vocation d'un bon caricaturiste lequel vous renvoie ou vous jette de plain-pied dans la sale réalité, toujours avec ce brin de recul qu'on appelle la caricature qui fait souvent appel à la dérision sans brin dérisoire mais autrement authentique et révélatrice de bien de vices cachés et de maux entendus. «S'il (Le Hic) avait trouvé du boulot comme ingénieur en aménagement du territoire et protection de l'environnement, Le Hic n'aurait pas arpenté ce parcours qui de 1998 -il allait sur ses trente ans- à ce jour, a vu ses planches épicer agréablement les pages tout à tour de L'Authentique, Le Matin, Le Jeune Indépendant, avant qu'il ne jette l'ancre au Soir d'Algérie. Le florilège qu'il nous propose dans cet album est de ceux qui illustrent tout l'écart entre un métier et une vocation». Signé Dalimen. C'est à juste titre que souligne le chroniqueur SAS dans sa préface «Hic, recrée le monde à son image. Chaque matin, il le façonne, ce monde. Il le pétrit, le réduit, le grossit, le construit. (...)Le déconstruit. d'Alger à Beyrouth, de Paris à Kaboul, de Baghdad à New York(...) Hicham ne raconte pas la mal-vie d'un peuple. C'est trop facile. Il va au-delà. Il raconte le mal-être d'une société. Le mal-être d'un pays.» Jurant avec l'absurdité jusqu'au bout, Hic adopte dans le dernier chapitre de ce livre un bel hommage dédié à «ceux qui ne liront jamais ce recueil», afin que les vagues de l'oubli ne les emportent pas. Un bien touchant clin d'oeil à des personnalités marquantes qui ne sont plus de ce monde, à l'image des regrettés: caricaturiste, Sid Ali Melouah, journaliste, Hamid Kechad, syndicaliste, Redouane Osmane, romancier Alexander Soljenitsyne et le réalisateur Youssef Chahine, le poète Mahmoud Darwich, l'abbé Pierre pour finir avec la Mama Africa, Miriam Makéba. Un recueil de dessins intéressant à souhait, qu'il serait bon d'avoir chez soi. Nage dans ta mer est au final, comme son nom l'indique, destiné à nous tous qui ramons ici bas pour survivre. Gageons que Le Hic continuera toujours à garder la tête hors de l'eau.