Les agissements de certains centres privés d'hémodialyse aggravent la situation des insuffisants rénaux au lieu de l'améliorer. Encore une fois, la longue série des scandales qui entachent le secteur de la santé font parler d'elle. Cette fois-ci, ce sont les centres privés d'hémodialyse qui sont pointés du doigt. En effet, la Fédération nationale des insuffisants rénaux (Fnir) est montée au créneau en dénonçant, dans un communiqué, une situation où la souffrance de ces malades va croissant, surtout durant ce mois de Ramadhan. Selon la fédération évoquée, «bon nombre de gérants de centres privés d'hémodialyse, de connivence avec leurs directeurs médicaux, profitent du mois sacré de Ramadhan pour diminuer le temps réglementaire de la dialyse. Et ce, uniquement pour permettre à leurs personnels de quitter plus tôt leurs lieux de travail». La norme étant de quatre heures, ces centres passent à trois heures par séance, avec une moyenne de trois séances par jour, alors que la Cnas rembourse les prestations en raison de 5600 DA par malade et par séance de quatre heures. Le plus grave dans tout cela, et de l'avis de nombreux spécialistes, une dialyse très courte de trois heures ou même de trois heures et demie entraîne, à court ou moyen terme, une morbidité et une mortalité très importante. Cela donne aux patients des conditions de vie inhumaines en termes de contraintes (régime, médicaments...) et de complications (neuropathie, artériopathie, coronaropathie...). Outre cela, le patient devra subir des dépenses supplémentaires dues à des hospitalisations répétées et à la nécessité d'une surveillance accrue en dialyse. Pis encore, l'insuffisant rénal vivra au rythme d'une augmentation sensible de son handicap, lit-on dans le texte du communiqué. Joint hier par téléphone, M.Mohamed Boukhors, porte-parole de la Fnir, a tenu a mettre à nu les agissements de certains médecins exerçant au niveau de ces centres. Des agissements qui, au demeurant, attentent à la déontologie et à l'éthique médicales et au respect des droits du malade. Qualifiant ces médecins de «marchands de la mort», il a condamné le climat de peur et de hantise qu'ils ont instauré parmi les dialysés. «Ces médecins, qui exercent par ailleurs dans des hôpitaux étatiques, n'hésitent pas à menacer les malades si ces derniers prenaient la fantaisie de réclamer leurs droits ou de dénoncer ces comportements inadmissibles», a-t-il assuré en ajoutant: «Ne désirant pas risquer leurs places dans ces centres, les malades ne peuvent pas exprimer cette injustice aux inspecteurs de la Cnas. Ces derniers à chaque visite, sont chaperonnés par les responsables du centre qui surveillent, de ce fait, les dires des malades.» C'est pourquoi la Fnir demande à tous les malades de ne pas accepter ces pratiques et de dénoncer leurs auteurs quels qu'ils soient. D'autre part, il a été souligné, dans le communiqué, que les dialyseurs utilisés pour chaque malade ne sont pas conformes aux normes, alors que le débit de sang, le type de membrane et sa surface doivent être adaptés à chaque patient de manière à obtenir une épuration adéquate lors de chaque séance d'hémodialyse. Selon les responsables de la Fnir, ces pratiques malveillantes dictées par un vulgaire mercantilisme, génèrent des bénéfices financiers non négligeables et non déclarés aux services des impôts, au détriment de la santé du malade. Rappelons, par ailleurs, que l'Algérie compte, chaque année, plus de 4500 nouveaux cas d'insuffisance rénale au stade terminal.