La bravoure algérienne a encore fait parler d'elle. C'est un compatriote qui a terrassé l'homme qui voulait assassiner le président français. Comme signalé par tous les médias du monde, ce sont des citoyens qui se trouvent derrière le sauvetage miracle du chef de l'Etat français lors du traditionnel défilé de la fête nationale de l'Hexagone. Ce que l'on ap- prend, en revanche, c'est que c'est un Algérien, Mohamed Chelali, qui, au péril de sa vie, s'est jeté sur le tireur pour le maîtriser, et qui fait, aujourd'hui, la Une de tous les médias du monde. Fidèle à sa nature, peu soucieux de ces glorioles, il a eu des mots historiques en réponse à l'appel téléphonique de Jacques Chirac demandant à rencontrer son sauveur. «Je n'ai fait que mon devoir. Je suis sûr que n'importe qui à ma place aurait fait la même chose.» Ces paroles, d'une simplicité déconcertante, traduisent tout l'altruisme et la bravoure dont avait toujours su se draper le peuple algérien et qui, maintes fois, avait forcé l'admiration et le respect de ses pires adversaires. Devenu Franco-Canadien à la suite d'un long périple (retracé dans l'article ci-dessous), Mohamed Chelali était de passage à Paris au moment des faits. Il rentrait en Algérie, comme chaque année à la même époque, puisqu'il dit n'avoir jamais oublié, ni rompu avec ses racines. Son geste, qui honore tous les Algériens, semble avoir été perçu à sa juste valeur par le chef de l'Etat français. Les Algériens ne sont pas des terroristes. Ils sont même les plus grands défenseurs de la vie humaine et de ses valeurs, comme ils ont eu à le prouver durant ces douze dernières années sans que personne les ait soutenus. Cet Algérien, qui rencontrera Chirac, lui serrera la main et recevra sans doute quelque grande distinction de ses propres mains, lors du sommet de la francophonie prévu à Beyrouth du 18 au 20 octobre prochain, ne manquera sans doute pas de soulever les mesures vexatoires dont sont encore victimes les Algériens et le traitement incommodant que subissent les vols d'Air Algérie. La tentative d'assassinat du président de l'une des plus grandes puissances du monde le jour de sa fête nationale n'a pas manqué de faire le tour du monde et d'être montée en sauce comme il sied à un pareil événement. C'est donc tout naturellement que ce modeste Algérien, qui n'en demandait pas tant, s'est retrouvé du jour au lendemain propulsé sur le devant de la scène médiatique planétaire, enchaînant entretien sur entretien et craignant fort de devenir la victime des peoples et des paparazzi alors qu'il jure n'avoir fait que son devoir et ne s'être comporté de la sorte que parce que son devoir et son éducation le lui dictaient. S'agissant de l'affaire en elle-même, tout porte à croire que l'agresseur, un certain Maxime Brunerie, tente de jouer l'aliénation mentale. Les dernières informations, en effet, indiquent que «le suspect a à peine reconnu ses actes à l'aide de mots décousus» alors qu'il se trouve toujours au niveau de l'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris. Décrété «mythomane d'extrême droite», Maxime Brunerie, avait tiré sur le président de la République au passage de son cortège à l'aide d'un pistolet dit long rifle, c'est-à-dire de très grande précision. Il a raté son premier coup. Même si son chargeur était plein, il n'a pas eu le temps de tirer une seconde fois. Mohamed Chelali, de passage à Paris, était déjà sur lui, et le terrassait au péril de sa vie avant que les policiers arrivent et maîtrisent définitivement le forcené.