Interrogé au sujet de cette affaire, en marge du G8 qui s'est déroulé en Italie, le président français a déclaré n'avoir accusé personne. Alors que le dossier des défunts moines de Tibhirine vient de refaire surface en envenimant les relations politiques entre les deux pays, voilà que la France enfonce le clou en instruisant ses ressortissants désirant se rendre en Algérie de faire preuve de vigilance. En effet, le département des Affaires étrangères français a expressément invité les citoyens français «à adopter la plus grande prudence» lors des déplacement qu'ils sont amenés à effectuer dans certaines régions d'Algérie, en raison du grand danger de terrorisme qu'elles recèlent. Cet appel à la prudence ne coïncide pourtant avec aucun attentat en Algérie. Que s'est-il passé pour lancer pareil appel si ce n' est une autre provocation? Les dernières révélations concernant l'enlèvement puis l'exécution des sept religieux ont sans aucun doute tempéré les ardeurs de «l'hyperactif» locataire du palais de l'Elysée. Dans une interview accordée au quotidien El Khabar, l'ancien chef du GIA donne des détails troublants sur le rôle joué par les services français dans le dénouement tragique de cette histoire et affirme sans sourciller que les moines trappistes de Tibhirine ont bel et bien été exécutés par le mouvement terroriste qu'il avait auparavant dirigé. «Les assassinats ont été commis par Djamel Zitouni (ex-émir du GIA abattu par les siens) à la suite des tergiversations du renseignement français», a tenu à préciser Abdelhak Layada. Puis en tenant à être plus complet et cohérent dans ses propos, il ajoute avec assurance: «Les négociations qu'il menait avec les Français concernaient ma libération contre celle des moines. Les Français ont tardé à répondre s'ils acceptaient de négocier ou non avec le GIA. C'était la cause de l'échec.» Après de tels aveux, Nicolas Sarkozy osera-t-il lancer un mandat d'arrêt international contre l'ex-émir du groupe islamique armé? La justice française vient en tous les cas d'entendre un témoignage-clé, qui ne joue pas en faveur des autorités de l'Hexagone et des allégations d'un général à la retraite spécialisé dans la désinformation, à travers la sortie médiatique de Abdelhak Layada. Ses déclarations ont été largement relayées par la presse française hormis les journaux télévisés qui ne se sont pas embarrassés de mettre en exergue les «menaces» du président français et dont l'Algérie n'a rien à faire. «Je lèverai le secret-défense sur tout document que nous demandera la justice...Je vous dis une chose, je veux la vérité. Les relations entre les grands pays, elles s'établissent sur la vérité et non le mensonge», a souligné ce dernier. Puisqu'il s'agit d'apporter des preuves en voilà une venant d'un spécialiste en l'armement. Le quotidien El Watan, a fait intervenir une personnalité qui, en sa qualité d'expert en aéronautique, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, bat en brèche la version du général, faite sous serment devant la justice française. Il affirmé que les hélicoptères algériens sont dotés de canons et non d'armes de précison. Ce qui détruit complètement la thèse du général selon laquelle les corps des moines étaient criblés de balles «un canon ne crible pas, il déchiquette». Et puis, comment oser parler de mensonge lorsque la justice n'a pas encore entre les mains ces fameuses preuves qu'il compte mettre à sa disposition, mis à part une déposition d'un militaire qui n'a eu ni le courage ni la témérité de s'exprimer durant treize ans sur un crime des plus odieux? La fonction présidentielle demande plus de tact et c'est probablement ce qui manque le plus à Nicolas Sarkozy. Il a déjà à son palmarès le chef du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, la chancelière Angela Merkel, et...le président des Etats-Unis, Barack Obama qui, vraisemblablement, lui fait tant d'ombre. Aucun d'entre eux ne lui a fait grief. La fonction de président, ça s'apprend. Dixit Sarkozy. Avec la tournure qu'il veut donner à l'assassinat des 7 moines de Tibhirine, le président de la République française avance dans des sables mouvants. S'en est-il rendu compte en affirmant qu'il n'a pas l'intention de se brouiller avec Abdelaziz Bouteflika? «Pourquoi voulez-vous qu'avec le président algérien, nos relations s'en trouvent bouleversées?», a-t-il rétorqué aux journalistes qui l'ont interrogé en marge du Sommet du G8 qui s'est tenu en Italie. «La justice est saisie, que la justice dise la vérité, moi je m'en tiens quand même au communiqué numéro 44 du GIA en 1996 revendiquant l'assassinat des moines. Je n'ai accusé personne, je veux que la vérité soit faite», a ajouté en substance le chef de l'Etat français. De son côté, la ministre de la Justice française, Michèle Alliot-Marie, qui espère l'aide de l'Algérie dans l'enquête que compte mener la France au sujet des 7 moines de Tibhirine assassinés, a ajouté: «Ce n'est pas une question de défiance ou de provocation à l'égard d'un pays ami. C'est un devoir de transparence et de vérité que nous devons à ces victimes, à leurs familles, à l'ensemble du peuple français.» Les Algériens qui, au cours de leur histoire n'ont jamais exprimé d'esprit belliqueux envers tous les peuples de la planète, prient pour que reposent en paix les âmes martyrisées des sept moines de Tibhirine.