Un décret exécutif exige du propriétaire de l'agence immobilière d'être titulaire d'un diplôme supérieur pour activer. La Fédération nationale des agences immobilières (Fnai) lance un appel pressant au ministère de l'Habitat pour que soit appliqué le texte de l'article 2 du Code civil. Ce texte stipule clairement qu'une loi adoptée «n'est pas rétroactive», donc elle ne concerne pas les agents immobiliers ayant déjà exercé depuis l'indépendance à nos jours. Cet appel a été formulé, hier, lors d'un entretien au siège de notre journal, par Mme Zaoua Mameri, présidente de la Fnai depuis décembre 2008. Mme Mameri, accompagnée du vice-président de la Fnai et en charge de la communication, Abdelkader Benchakal, demande instamment au ministère de l'Habitat la levée d'une disposition du décret exécutif «contraignant» qui exige du propriétaire de l'agence immobilière d'être en «possession d'un diplôme supérieur dans le domaine juridique, économique, commercial, comptable, immobilier ou technique permettant l'activité d'agent immobilier». Ce texte ne s'arrête pas là, puisqu'il exige en sus «le cumul d'une expérience professionnelle d'au moins trois années consécutives...dans un poste ayant un rapport direct avec le domaine de l'immobilier». Le décret est tout aussi valable pour les courtiers immobiliers qui doivent posséder au moins un diplôme de technicien supérieur dans le domaine. Si le décret a été favorablement accueilli lors de l'assemblée générale, en février dernier par la Fnai, organe créé en 1998, il n'en demeure pas moins que l'avant-projet de loi, élaboré et adopté en collaboration entre les ministères de l'Habitat, du Commerce, des Finances et la Fnai, a été «amputé» de son essence, car ignorant la situation des anciens agents qui exercent depuis de nombreuses années. La présidente de la Fnai s'insurge et clame «la dignité bafouée» de ces milliers de gérants qui sont en poste depuis plus de 30 ans pour certains, comme c'est le cas de Rachid Chekat, âgé de 79 ans, ancien directeur d'un grand complexe touristique à Annaba et membre fondateur de la Fnai, auquel on demande «d'appliquer la loi.» C'est-à-dire, recruter un licencié en la matière, de façon permanente, et mettre l'agrément en son nom! Faut-il rappeler aussi que depuis 1962, aucune loi ne réglementait cette activité. En voulant aujourd'hui le faire, les autorités ont semé le «désarroi» au sein de cette branche d'activité si utile en cette période où l'Algérien reste mal logé, a dénoncé Mme Mameri. Celle-ci rappelle que dans l'avant- projet de loi était prévue une mise à niveau des anciens gérants s'apparentant à une équivalence en concordance avec l'expérience cumulée. «L'agrément accordé n'a que 10 ans de vie, des problèmes vont se poser alors» ajoute-t-elle, avant de mettre le doigt sur la plaie en informant que «de nombreuses agences ont fermé, mettant au chômage moult employés qui devront s'inscrire au chômage pour percevoir l'allocation annoncée tout récemment par le ministre du Travail». A relever également, souligne Mme Mameri, «le manque à gagner pour les huissiers, notaires et toute une pléiade de commis intervenant dans le circuit immobilier suite à ces fermetures». Il se trouve par ailleurs que, selon des échos parvenus à la Fnai, les agences immobilières sont tarabustées par les agents de contrôle des prix (CDP) qui leur demandent l'agrément alors que «la commission d'agrément n'a même pas été installée au niveau du ministère de l'Habitat», s'inquiète Mme Mameri.