Le spectacle intitulé «D'une rive à l'autre: Lili Boniche est-il revenu?», a été sans conteste l'attraction des mélomanes durant la deuxième semaine des soirées ramadhanesques de la ville de Yemma Gouraya. L'ambiance festive des soirées ramadhanesques bat son plein dans la capitale des Hammadites. A la Maison de la culture, au Théâtre régional Malek- Bouguermouh de Béjaïa, à la place 1er Novembre (ex-place Gueydon), à la Brise de mer, à la Casbah, les soirées se suivent et ne se ressemblent pas. Il suffit juste de changer d'endroit pour plonger dans une autre ambiance festive de la vie nocturne du mois de Ramadhan. En effet, l'activité culturelle et artistique va crescendo en sa deuxième semaine du mois de Ramadhan avec son programme riche et varié dont l'attraction a été, sans contestation aucune, le TRB. C'est, en effet, à un concert exceptionnel auquel les mélomanes et adeptes du style hawzi-andalou juif, ont été conviés le mardi dernier dans l'enceinte fétiche du Théâtre régional Malek-Bouguermouh de Béjaïa, à l'occasion d'un spectacle de Salah Gaoua intitulé: «D'une rive à l'autre: Lili Boniche est-il revenu?». À travers, Lili Boniche, plusieurs figures charismatiques de la chanson et de la musique andalou dans son style hawzi, ont fait une virée nocturne dans la ville de Yemma Gouraya. Lili Boniche, Blond-Blond, Lili Abassi, Reinette l'Ornaise, René Perez, El Hasnaoui, Ahmed Wahby, et même Matoub Lounès, en somme, c'est toute une génération de chanteurs de culture judéo-arabo-berbère, qui a été ressuscitée et évoquée à juste titre. Salah Gaoua et les musiciens qui l'ont accompagné, mené par le maestro et maître incontestable, Abdelaziz Yousfi (dit Bazou), ont fait voyager l'assistance durant près de deux heures par l'interprétation des chefs- d'oeuvre du répertoire de la musique judéo-arabo-berbère, tels M'chat aâlya, Chetih E'roumba, Arouah Arouah, Chiret laâyani, H'bibi dyali fin houa, Ana el ouarka el meskina, Fat Elifat de Ahmed Wahby, Adjini adji, Dour biha ya chibani, pour conclure par la version originale Bekaou- Aâla Khir avec une chute, Je chante toujours l'oriental du regretté Lili Boniche. En outre, la Maison de la culture, qui a innové en matière d'organisation des soirées avec ses grains de sel en rendant hommage aux figures culturelles et artistiques, ne désemplit pas en ces soirées ramadhanesques avec son programme riche et varié concocté à cet effet. Les cheikhs Nordine Cheli, Ali Kherraz, Cheikh El Mouhoub, Mourad Aït Manseur, Rabah Saïdi (dit l'Indochine), Salah Djemaï et Abdelhamid Benzaïd ont été honorés à juste titre pour leur contribution à l'épanouissement de l'art et de la culture. «Ces soirées ramadhanesques sont une occasion de rendre hommage à ceux qui ont bien donné pour l'art et la culture afin qu'il ne se sentent pas marginalisés ou plutôt oubliés. Après avoir fait le bonheur des générations entières par leurs oeuvres et créations, c'est à nous de leur offrir la joie et le bonheur en pensant à eux par un petit geste qui fait certainement beaucoup de bien. D'ailleurs, à cet effet, un cercle spécial sera érigé dans l'enceinte de la Maison de la culture pour leur permettre de se voir entre eux et se frotter aux jeunes chanteurs qui profiteront de leur expérience», nous déclare M.Benbaba, le directeur de la Maison de la culture. Outre, le volet hommage et évocation, les chaba Yamina, Salim Hellil, Hassiba Abderaouf, Toufik Nedroumi, GastiGrouv dans le genre Gnawi, Rym Takoucht, et autres Karim Aouidet, Hafidh Djouama, Mokhtar Achouri, Yacine Zouaoui, Hsinou Fadli, et Kadi Mohamed ont fait vibrer l'enceinte de la Maison de la culture Taos-Amrouche. En témoignent l'engouement et l'échange avec le public qui s'est bien défoulé et décompressé pendant ces soirées allant du mercredi 28 août à jeudi dernier. Si chaba Yamina et autre Hassiba Abderaouf ont drainé un public plutôt féminin, le Gastigrouv, une troupe gnawie qui est à sa deuxième production à Béjaïa, a allié les deux genres dans une ambiance qu'on n'oubliera pas de sitôt. Par ailleurs, il nous est impossible de faire l'impasse sur l'ambiance typiquement béjaouie qui règne dans l'enceinte de la casbah de Béjaïa qui s'est imposée en «Qaâda Chaâbie» incontournable qui a su rassembler plusieurs générations. En effet, quand l'amour de la chose s'associe au savoir-faire, c'est tout le pari réussi de l'association pour la sauvegarde du patrimoine de la ville de Yemma Gouraya.