Les chefs de la diplomatie français et luxembourgeois ont ouvertement critiqué hier le bombardement de l'Otan la veille en Afghanistan qui aurait fait jusqu'à 90 morts, alors que l'Allemagne, dont un officier a donné l'ordre de tir, a au contraire défendu l'opération. «C'est une grosse erreur», a déclaré le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner aux journalistes, à propos de la frappe, en arrivant à une réunion avec ses homologues de l'Union européenne à Stockholm. Interrogé sur le point de savoir qui était à son avis responsable, il a répondu: je ne sais pas (...). Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a aussi dénoncé le bombardement en Afghanistan. «Je ne comprends pas que des bombes puissent être ainsi larguées aussi facilement et rapidement», a-t-il déploré devant la presse. «Il doit bien y avoir aussi à l'Otan des règles» en la matière, a-t-il ajouté. «Même s'il n'y avait qu'un civil sur place, cette opération n'aurait pas dû avoir lieu», a-t-il ajouté. Déjà la veille, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, avait demandé une enquête urgente sur le bombardement pour «que nous nous assurions que cela ne se reproduise pas». Il avait jugé que de tels incidents rendaient «plus difficiles» les efforts pour convaincre la population afghane de soutenir l'action de la coalition internationale sur place. Les avions de l'Otan, sur la requête d'un officier allemand, ont bombardé vendredi deux camions-citernes d'essence, destinés aux forces internationales, volés jeudi soir dans une embuscade tendue par des talibans. Jusqu'à 90 personnes ont été tuées dans cette attaque, selon les autorités locales, dont des civils.