Le président iranien a accusé, sans les nommer, les Etats-Unis d'utiliser le terrorisme comme «excuse» pour justifier la présence des 121.000 soldats étrangers. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a critiqué hier à Kaboul la présence des forces de l'Otan en Afghanistan et s'est moqué du secrétaire américain à la Défense, également en visite dans la capitale afghane, demandant «ce qu'il faisait à 12.000 km» de chez lui. La visite du leader iranien intervient alors que les taliban ont perpétré deux attentats ces dernières 24 heures dans lesquels deux soldats de l'Otan, trois soldats afghans et deux garde-frontières ont été tués. Arrivé dans la matinée, le chef de l'Etat iranien a rencontré son homologue avant une conférence de presse où il a critiqué, sans jamais les nommer, les Etats-Unis. «Nous ne voyons pas la présence des forces militaires étrangères comme une solution pour apporter la paix en Afghanistan», a-t-il déclaré, aux côtés de M.Karzaï. «La solution passe par le contrôle de la situation par le gouvernement légal d'Afghanistan». «L'Iran ne joue pas de rôle dans l'insécurité en Afghanistan, nous avons toujours été du côté du gouvernement et du peuple afghans pour la sécurité en Afghanistan», s'est défendu le président iranien. Répondant à une question d'un journaliste lui demandant de commenter les déclarations de M.Gates selon lesquelles l'Iran joue un double jeu en Afghanistan, le leader iranien a souri et dit: «La question est plutôt: que faites vous (M.Gates) dans cette région?» «Vous êtes à 12.000 km, de l'autre côté de la planète. Vous êtes de l'autre côté de la planète. Que faites-vous ici? C'est une question sérieuse», a ajouté M.Ahmadinejad. «Vous êtes là pour arrêter les terroristes? Si vous êtes là pour une autre raison, vous devez avoir le courage de le reconnaître». En juin 2009, M.Gates avait accusé l'Iran de jouer un double jeu en se disant l'ami du gouvernement afghan tout en envoyant des armes aux insurgés qui attaquent les soldats de l'Otan. Le président iranien a accusé, sans les nommer, les Etats-Unis d'utiliser le terrorisme comme «excuse» pour justifier la présence des 121.000 soldats étrangers. «Ils l'ont planifié, leur ont donné de l'argent, leur ont fourni un soutien en renseignements», a déclaré le leader iranien en référence aux taliban et à Al Qaîda. De son côté, Robert Gates, interrogé dans la matinée sur la présence du président iranien dans la capitale afghane, a indiqué que les Etats-Unis souhaitaient que l'Afghanistan ait «de bonnes relations» avec tous ses voisins. Téhéran et Washington, malgré leur antagonisme, ont le même intérêt à empêcher le retour au pouvoir des taliban, mouvement extrémiste sunnite hostile aux Occidentaux mais aussi aux chiites iraniens, qui a gouverné l'Afghanistan de 1996 à 2001 avant d'être chassé du pouvoir par la coalition militaire internationale créée après les attentats du 11 septembre. Sur le front des violences, trois soldats et deux garde-frontières afghans ont été tués hier dans un attentat à la voiture piégée dans la province de Paktika, dans l'est du pays, selon le chef de la police provinciale, Dawlat Khan Zadran. Huit roquettes ont ensuite été tirées sur la base, selon le responsable de la police. La veille au soir, deux soldats de l'Otan avaient péri dans un attentat suicide perpétré par un kamikaze habillé en garde-frontière dans une base conjointe des Afghans et de l'Otan, dans la province voisine de Khost, voisine de Paktika. Les taliban ont revendiqué ces deux attentats. Le 30 décembre, un kamikaze avait tué sept Américains travaillant pour la CIA et un officier jordanien collaborant avec eux sur une base de la CIA à Khost. Cet attentat avait constitué l'attaque la plus meurtrière contre la CIA depuis 26 ans.