Elles étaient impressionnantes les scènes de liesse ayant éclaté juste après la fin du match de l'équipe nationale un peu partout en Kabylie. Pouvait-on imaginer que des routes du centre-ville pouvaient carrément être bloquées à la circulation à minuit passées? Difficile! Pourtant, c'est vrai. Au niveau des deux carrefours principaux du centre-ville ainsi qu'à celui de la «Tour» de la Nouvelle-ville, il était impossible de se muer. Des véhicules étaient stationnés par dizaine, la musique fusait de partout à forts décibels. Les citoyens sont descendus de leurs voitures pour exprimer, chacun à sa manière, une joie indicible, qui ne cesse de s'accroître à chaque nouvelle conquête de l'équipe nationale de football. Ce qui était marquant, c'était la participation de toutes les tranches d'âge dans ce climat d'allégresse, y compris les petits enfants mais surtout les vieux. J'ai vu des vieux danser en pleine «Grande rue» (le boulevard principal de la ville de Tizi Ouzou), comme s'ils avaient dix-huit ans. «Un vieillard, à bord d'une voiture a même sorti sa tête par la portière pour exhiber son bonheur», affirme Malik, qui est sorti juste après la fin du match afin de ne pas rester en marge de ces moments où la montre semble bien s'être arrêtée: les femmes aussi, et, contrairement au passé, ont été de la partie. En témoignent les youyous dont la stridence rappelle les grands événements que la région avait vécus de par le passé. «C'était vraiment une nuit exceptionnelle», lancent encore des jeunes des autres quartiers de la Nouvelle-ville qui considèrent la victoire de l'équipe nationale comme étant celle de tous les Algériens, où qu'ils se trouvent. La ville de Tizi Ouzou a vécu presque une nuit blanche. Déjà qu'habituellement les soirées de Ramadhan s'étendent jusqu'à des heures tardives, cet énième triomphe de l'EN a été une raison inespérée pour prolonger la joie jusqu'au petit matin. Le succès d'avant-hier a été aussi bien apprécié car des écrans géants ont été érigés un peu partout dans différents quartiers. Cette initiative a permis aux téléspectateurs de suivre le match dans des conditions exceptionnellement attrayantes. «Dans mon quartier, à la cité des Fonctionnaires, durant les deux heures qu'a duré le match, les jeunes n'ont pas cessé de crier et d'applaudir, à chaque occasion ratée. La tension était vraiment à son summum» témoigne une jeune fille qui a suivi les images du match à la maison alors qu'habituellement, le foot était une spécialité masculine par excellence. Le football est-il en train de se conjuguer au sexe féminin? Tout porte à le croire puisque, hier matin, les commentaires au sujet de la victoire de l'équipe matinale n'étaient pas du tout l'apanage des hommes. La réjouissance n'était pas seulement limitée à la ville de Tizi-Ouzou. Plusieurs autres chefs lieux de commune et de daïra ont été secoués par la joie. A Azazga, la nuit était carrément blanche, témoignent des habitants de la deuxième grande ville de la wilaya. Les youyous, les klaxons, les cris, la musique n'ont cessé de fuser jusqu'au bout de la nuit. De Tizi Bouchène jusqu'à la sortie est de la ville, l'ambiance était la même. Une nuit mémorable que d'aucuns rêvent de voir se reproduire à l'occasion des prochains matchs qui permettront à la qualification de l'équipe nationale au Mondial de 2010 de mieux se préciser.