L'annonce d'une longue nuit chaude et rythmée a été faite durant les quatre interminables minutes additionnelles par des klaxons de voiture. Le coup de sifflet final de l'arbitre annonçant la fin de la rencontre, angoissante pour une grande partie des inconditionnels supporters des Verts, a été un soulagement qui a provoqué la délivrance des milliers de supporters qui ont aussitôt envahi, instinctivement, les rues du chef-lieu de la wilaya de Béjaïa. En effet, juste après le coup de sifflet final de l'arbitre mauricien, c'est la délivrance pour les Béjaouie qui ont suivi la rencontre sur les nerfs et avec beaucoup de peur de voir le rêve de toute une nation s'envoler à cause des la coriace équipe de Zambie qui a tenu la dragée haute aux Poulains de Rabah Saâdane. Une folle ambiance régnait à Bougie prolongeant ainsi la soirée ramadhanesque jusqu'à l'aube. Le suspense et la pression qui avaient étreint les Béjaouis chez eux ou plutôt, dans les différents endroits où ont été érigés des écrans géants à cet effet, ont subitement cédé la place à une explosion de joie inscriptible. Des anciens quartiers de la haute ville à la grande cité d'Ihaddaden en passant par la Grande-Poste, la rue de la Liberté, le quartier populaire de la cité Nacéria avec son quartier chaud de la CNS, le rond-point d'Aamriw ainsi l'autre grand boulevard des Aurès, la joie de l'ambiance footballistique a été la même. Sur les camions, les toits, les capots ou malles des fourgons et des voitures, l'emblème national et autres fanions aux couleurs des deux clubs de la ville de Yemma Gouraya à la main, les milliers de supporters ont envahi les axes principaux, rues et ruelles du chef-lieu de la wilaya, à l'instar des autres communes de la wilaya. L'encombrement et autres bouchons provoqués par le cortège des voitures a rendu la circulation très difficile pendant une grande partie qui a suivi la fin de la rencontre. La circulation bloquée (situation oblige), les inconditionnels supporters des Verts n'ont pas hésité à quitter leurs véhicules pour se donner à coeur joie à des danses soutenues, des applaudissements nourris et autres youyous des femmes présentes en famille ou lancés depuis les balcons. Entournant des chansons et autres hymnes à la gloire de l'équipe nationale, tels que Hadhi el Bidaya Mazal Mazel, One, two, three viva l'Algérie et autre Maâk yalkhadra diri hala, les Algériens menés par les adeptes des ambiances des stades, en cette période de frustration due au passage à vide des clubs phares de Béjaïa (JSMB et MOB), ont usé leurs cordes vocales pour célébrer une victoire à l'arrachée, difficile mais plus précieuse encore. «La victoire d'aujourd'hui est rendue plus précieuse et délicieuse par la combativité de la coriace équipe de la Zambie. On ne peut pas se passer de cette ambiance car ce sont des moments que nous attendions depuis notre dernière participation à la Coupe du monde de 1986», nous dira un père de famille. «Mon coeur a failli lâcher durant le dernier quart d'heure surtout pendant les quatre minutes additionnelles qui m'ont paru les plus longues de ma vie. La victoire des Egyptiens a accentué la pression, mais je dirais aux Egyptiens ‘'tar lehmam'' (le pigeon s'est envolé) et à nous le Mondial!», ajoute un jeune supporter un fumigène à la main. Par ailleurs, même s'il est vrai qu'il s'agit de scènes de joie pour fêter une victoire qui fera date dans l'histoire du football algérien, l'ambiance créée n'a pas été sans désagréments pour beaucoup de riverains appelés à se réveiller tôt pour rejoindre leurs postes de travail.