M. Karzaï, installé au pouvoir dès fin 2001 par les forces internationales qui avaient chassé les talibans du pouvoir - Etats-Unis en tête -, est le grand favori. Quelque 200.000 votes frauduleux ont été annulés dans le scrutin présidentiel en Afghanistan, dont les résultats finaux sont attendus très prochainement, et les dirigeants occidentaux s'inquiétaient à nouveau hier de l'ampleur de la corruption et des violences. Zekria Barakzaï, un dirigeant de la Commission électorale afghane (IEC), a précisé hier que les bulletins annulés la veille provenaient essentiellement de provinces du sud, traditionnellement ralliées au président sortant Hamid Karzaï. L'IEC diffuse régulièrement des résultats partiels du scrutin du 20 août. Les derniers, portant sur près de 75% des bureaux de vote, plaçaient dimanche M.Karzaï en tête (48,6%), suivi de son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah (31,7%), qui accuse le sortant de fraudes à grande échelle. Les résultats sur 100% des bureaux devraient être annoncés dans les jours qui viennent. M.Karzaï, installé au pouvoir dès fin 2001 par les forces internationales qui avaient chassé les taliban du pouvoir - Etats-Unis en tête -, est le grand favori. Mais il essuie ces derniers temps un flot de critiques sur la corruption qui affecte le pays au plus haut niveau, pendant que l'insurrection des taliban s'intensifie considérablement malgré la présence d'environ 100.000 soldats étrangers. «L'inquiétude monte» en Occident, à cause de «la corruption, la culture et le trafic d'opium, le terrorisme, et maintenant les fraudes électorales», juge Wadir Safi, enseignant à la faculté de sciences politiques de Kaboul. Dans une interview lundi au quotidien français Le Figaro, le président sortant a accusé les Américains d'«attaquer Karzaï en sous-main, parce qu'ils l'aimeraient plus docile». Il lui faut recueillir plus de 50% des suffrages pour être réélu au premier tour, faute de quoi il serait contraint à un second tour dont l'organisation serait une gageure dans un pays au bord du chaos. Pendant ce temps, les réunions au sommet se multiplient en Occident pour chercher une sortie honorable à la crise politique et sécuritaire. L'Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, dont l'engagement militaire est de plus en plus impopulaire dans leurs opinions publiques, se sont entendues dimanche pour pousser les Afghans à reprendre rapidement les rênes de leur pays, afin «que la participation internationale puisse être réduite», selon la chancelière allemande Angela Merkel. Les dirigeants occidentaux «cherchent-ils à justifier aux yeux de leurs concitoyens le maintien de leurs soldats ici, alors que leurs cadavres sont renvoyés au pays de plus en plus nombreux et que les élections ont mis en évidence le niveau de corruption?», s'interroge un diplomate. Selon lui, mieux vaudrait attendre la mise en place de la nouvelle stratégie militaire de l'Otan, définie essentiellement par la nouvelle administration Obama, qui vise à épargner les civils et gagner la sympathie de la population. Une probable bavure de l'Otan a rendu vendredi cette promesse plus pressante. Dans la province de Kunduz (nord), des avions de l'Alliance ont bombardé deux camions-citernes dérobés par les taliban, autour desquels se trouvaient des dizaines de civils, ont raconté des témoins.