Selon des sources diplomatiques, le chef de l'Etat n'a pas inscrit cette visite dans son agenda pour l'année en cours, encore moins pour le début de l'année prochaine. Ira-t-il, n'ira-t-il pas? L'opacité plane toujours à propos de la visite du Président Bouteflika en France. Annoncée pour juin 2009, «reportée» ensuite pour cet automne, la visite du chef de l'Etat serait une nouvelle fois décalée. Selon une source diplomatique, Abdelaziz Bouteflika n'aurait toujours pas inscrit cette visite dans son agenda. Mieux encore, la même source indique que le président de la République n'a jamais arrêté officiellement une date pour son éventuel déplacement en Hexagone. Toutes les dates annoncées ici et là sont inscrites dans le cadre des «rumeurs», ajoute-t-elle. Selon la même source, il serait fort possible que M.Bouteflika n'effectue pas de visite à Paris cette année, et encore moins au début de l'année prochaine. La seule réponse donnée par Alger à la suite de l'invitation lancée par Paris en 2008 au chef de l'Etat est parvenue par le biais de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères. Ce dernier avait annoncé le premier semestre de l'année en cours comme date «officielle» du déplacement du Président à Paris. Mais la visite n'a pas eu lieu. L'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt, avait justifié cela par l'agenda chargé des deux chefs d'Etat. Il avait annoncé qu'elle interviendrait après l'élection présidentielle du 9 avril. Cette opacité est due, notamment, à la «détérioration» des relations algéro-françaises ces dernières années. Des sujets qui fâchent bloquent toujours la redynamisation des relations bilatérales. Un climat froid caractérise les relations entre les deux pays. L'affaire du diplomate Hasseni et le rebondissement dans l'affaire de la mort des moines de Tibhirine, assassinés par les éléments du GIA en 1996, sont les deux questions qui ont refroidi davantage le contact entre les deux capitales. Le manque de confiance est à l'origine de la dégradation des relations. En demandant «la levée du secret-défense» sur l'affaire de l'assassinat des moines de Tibhirine, le président français, Nicolas Sarkozy, n'a fait qu'enfoncer les portes déjà grandes ouvertes. Le rebondissement dans cette affaire a été perçu par Alger comme une provocation directe de Paris à l'encontre de l'institution militaire algérienne. Dans cette affabulation, l'assassinat des moines a été attribué à «une bavure de l'armée algérienne». Même si les hauts responsables algériens n'ont eu aucune réaction officielle, la déclaration de hauts responsables français n'a pas été du goût d'Alger qui l'a interprétée comme une marque de défiance de Paris vis-à-vis des responsables algériens. L'autre sujet qui fâche est bien celui de l'Union pour la Méditerranée. L'Algérie continue à exprimer son scepticisme à l'égard de ce projet phare au président français Nicolas Sarkozy. Paris est à la recherche de nouveaux mécanismes nécessaires qui pourraient débloquer l'UPM qui se trouve en situation de stagnation depuis l'agression de l'armée israélienne contre la bande de Ghaza. Vu sa position géographique, l'Algérie est perçue par Paris comme «un partenaire majeur» dans la rive Sud de la Méditerranée. D'ailleurs, l'Hexagone aurait souhaité que l'Algérie se porte candidate au poste de secrétaire général de l'UPM. L'Algérie n'a cependant jamais manifesté son souhait d'occuper ce poste. A cela s'ajoute la question liée à la mémoire qui empoisonne beaucoup plus les relations bilatérales.