L'affaire du diplomate Hasseni, le grand dossier relatif à la mémoire et le Sahara occidental sont autant de sujets ayant dégradé les relations entre Alger et Paris. L'énigme de la visite du Président Bouteflika à Paris a trouvé son explication. Annoncé pour le premier semestre de l'année en cours, ce déplacement n'a toujours pas eu lieu. Les raisons? La dégradation des relations bilatérales serait à l'origine du «report» du déplacement de Abdelaziz Bouteflika en France. C'est ce qu'a laissé entendre Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, dans une interview accordée hier au journal arabophone, Echourouk. Le diplomate français n'a pas nié que plusieurs dossiers minent les relations entre Paris et Alger. L'arrestation puis la détention du diplomate algérien Hasseni Ziane en est la principale raison. D'ailleurs, Alger et Paris avaient annoncé le déplacement du Président Bouteflika à Paris pour le premier semestre de l'année en cours. Cette conjoncture a été caractérisée par une crise diplomatique qui a secoué les deux capitales. Car, durant cette période, le diplomate Hasseni était toujours soumis à une résidence surveillée. M.Driencourt a reconnu que l'arrestation du diplomate algérien par la justice française «a beaucoup dérangé le pouvoir algérien». Sans le dire ouvertement, le diplomate français explique que l'affaire du diplomate serait l'une des raisons qui ont compromis le déplacement du chef de l'Etat algérien en Hexagone. L'autre dossier évoqué par M.Driencourt a trait à la question de mémoire. La même source explique que l'Algérie tient toujours à ce sujet. «Il y a, également, le grand dossier relatif à la mémoire, qui pose toujours problème du côté algérien, estimant que la France n'est pas allée au fond de cette question», a-t-il expliqué. Et de souhaiter que les deux parties collaborent sur ce sujet à l'occasion de la commémoration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. «Il s'agit d'une initiative personnelle. Je souhaite que les deux pays se mettent à travailler ensemble en 2012, à l'occasion de la commémoration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie. Je vais encore mûrir ma proposition avant de la concrétiser». Dans le même sillage, il a tenu à démentir la création d'une commission de travail sur la question de mémoire. «Il n'y aucune commission de travail sur la mémoire. Il n'y a que les archives françaises qui sont ouvertes aux chercheurs algériens. Nous avons signé avec l'Algérie une convention sur les archives et sans plus», a-t-il précisé. La position de la France sur le Sahara occidental est l'autre point de divergence entre les deux capitales. L'ambassadeur a tenu à justifier la position de Paris sur cette question, laquelle «n'est pas trop proche de la position marocaine. Je confirme que la France soutient la position que décidera l'Organisation des nations unies à travers le rapport de l'envoyé spécial de son secrétaire général, Christopher Ross». A propos de la délivrance des visas, M.Driencourt a affirmé que les services consulaires de son ambassade délivrent plus de visas aux Algériens. Par les chiffres, il avance que le nombre de visas délivrés a augmenté de 8%. Sur le même chapitre, il a fait savoir que «nous sommes en train de réviser la convention de 1968 relative à la circulation des personnes». Malgré ces nombreuses divergences, l'ambassadeur a déclaré que Paris attend toujours la visite du Président Abdelaziz Bouteflika. «Il ne s'agit pas d'une visite ordinaire, mais d'une visite d'Etat. Le souhait de la France et de l'Algérie est d'arriver à dépasser les divergences pour le plus grand intérêt des deux pays.» Lors de cette même intervention, le diplomate français a annoncé un échange de visites des ministres des deux pays.