De rapport en rapport, la lourdeur maladive de l'administration algérienne exigerait même de réformer...les réformes. C'est pratiquement l'histoire de la poule et de l'oeuf. Réformer l'administration a toujours été le défi de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis l'indépendance. Mais le mal qui ronge cette très lourde machine est bien trop profond. Les spécialistes en la matière parient, avec un pragmatisme sans précédent, sur la nécessité de recourir à une sorte de purge avant de pouvoir faire quoi que ce soit. Combien de réformes engagées dans plusieurs secteurs y compris celui de l'administration sont restées bloquées à cause des points morts humains et matériels qui encombrent les couloirs de nos divers services administratifs? Une source bien introduite à l'APN affirme que des centaines des textes législatifs sont restées en attente de décrets d'application. Parmi les raisons qui bloquent les réformes, se trouvent les responsabilités diluées ou, plus grave encore, le culte des clanismes idéologiques ou économiques. Evitant de donner le nombre exact des textes législatifs bloqués par l'administration, notre source s'est référée à des exemples édifiants. La santé, l'éducation, le transport, les finances et d'autres chantiers totalement paralysés pendant des années prouvant par là que la priorité est de réformer le système administratif. C'est ce que le nouveau gouvernement tente de concrétiser à travers son programme. La volonté d'éradiquer le culte des clans y transparaît assez clairement. Il tend à définir les responsabilités pénales et administratives des agents de l'administration ainsi que des magistrats. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le gouvernement est bien souvent contraint de vivre au rythme de l'administration. 5 gouvernements se sont succédé sans qu'aucun puisse toucher au système financier. Il a fallu que l'abcès soit crevé par l'ex-ministre des Finances, Mourad Benachenhou. Cela ne veut en aucun cas dire que les ministres qui l'ont précédé soient incompétents. Tous ont déclaré implicitement ou explicitement qu'ils n'avaient pas d'administration qui puisse ou veuille suivre leurs projets de réformes. Ce qui justifie qu'à chaque fois l'on a recours à la création d'une administration chargée de gérer des dossiers en parallèle des départements compétents. Idem pour la santé. Les groupes d'intérêts dans ce secteur sont plus actifs et mieux organisés que l'administration elle-même. Plusieurs lois portant sur l'organisation et la protection du marché pharmaceutique national n'ont pu aboutir depuis 1997. Si les clans lâchent le marché, tout le reste suivra, nous assure un spécialiste.