Les institutions internationales continuent de miser sur les pays émergents pour tirer la croissance mondiale. Au moment où les gouvernements européens annoncent que la croissance de leurs économies sortira des taux en dessous de zéro, ceux du Maghreb s'attendent à une moyenne de 4%. Selon la Banque mondiale, la croissance dans les pays du sud de la Méditerranée et dans d'autres régions du monde sera plus forte que celle enregistrée dans les économies occidentales. Cependant, les experts de la Banque mondiale estiment que des rigidités entravent toujours cette marche des pays en développement. Le rapport Doing business 2010 met le doigt sur la persistance de certaines difficultés et qui sont considérées comme des freins pour la création d'entreprises et l'obtention de permis de construire. Pour ces deux critères d'analyse, l'Algérie est classée respectivement à la 148e et à la 110e place sur un échantillon de 183 pays. Un constat que les économistes algériens réfutent. Abdelmadjid Bouzidi, M'barek Serraï et Mustapha Mékidèche émettent des réserves aussi bien sur ce classement que sur celui élaboré par le Forum mondial de l'économie. Selon eux, les analystes de ces institutions ne se donnent même pas la peine de se déplacer dans le pays concerné pour connaître les véritables données économiques et sociales. Nos interlocuteurs soulignent aussi que les performances économiques de l'Algérie, comme l'amélioration des réserves de change, la réduction de la dette et l'augmentation du produit intérieur brut ne sont pas suffisamment prises en compte avant l'élaboration de ces rapports. La Banque mondiale met le doigt sur la lenteur des démarches administratives car il y a lieu de s'affranchir de 14 procédures avant de créer une entreprise lorsque le nombre n'est que de 7,9 au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, soit la moitié, et qu'il est encore moins élevé dans les pays de l'Ocde. Pour la durée, il faut 24 jours pour achever tout le parcours conduisant à la création d'entreprise. Pour obtenir un permis de construire, il faut compter 240 jours et pour que le pays soit classé au 110e rang. Selon la Banque mondiale, il y a toujours des rigidités dans l'embauche des travailleurs. La thèse libérale de l'organisation est qu'il faut assouplir les dispositions du Code du travail pour une plus grande flexibilité car il est anormal qu'il y ait des freins au licenciement car ceci rend également difficile le recrutement. Il n'est pas exclu que la Banque mondiale soit entendue sur ce point même si personne en dehors du ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ne connaît le contenu du projet du nouveau code qui n'est pas encore adopté. Le rapport est moins sévère lorsqu'il s'agit de la protection des investisseurs. Ces derniers sont habilités à poursuivre les directeurs et les administrateurs pour faute professionnelle avec possibilité d'engager des poursuites judiciaires. Ces protections font que le pays est classé au 73e rang en matière de protection des investissements et que ces performances ne sont pas loin de celles de la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient ou de l'Ocde qui ont des moyennes respectives de 6,3 et de 5,9 contre 6 pour l'Algérie. Son classement se détériore dès que le rapport aborde la question des impôts (168e rang). Le total à payer par les entreprises est de 72% du bénéfice brut contre 32,9% dans la région du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord et de 44,5% dans les pays de l'Ocde. Les facilitations du commerce extérieur ne sont pas, non plus, brillantes. Le coût à l'importation par conteneur est de 1428 dollars contre 1221 en Afrique du Nord et Moyen-Orient et 1145 dollars dans les pays de l'Ocde. Pour l'exportation, il faut 8 documents et un coût par conteneur de 1 248 dollars. Pour l'ensemble des critères retenus par la Banque mondiale, les pays voisins font mieux que l'Algérie. Le Maroc occupe le 128e rang du classement établi par Doing business 2010 et la Tunisie fait encore mieux car elle est à la 69e place. Les données de la Banque mondiale n'empêchent pas l'Algérie d'être la deuxième économie au niveau africain après l'Afrique du Sud, et arabe après l'Arabie Saoudite.