L'émeute est devenue, depuis quelque temps, une donne du paysage social. Les récentes manifestations de citoyens dans les APC de Mohammadia (Alger) et de Aokas (Béjaïa) contestant le processus d'attribution de logements sociaux expriment de manière anarchique et parfois violente le courroux que la plupart des Algériens nourrissent vis-à-vis de leur administration locale et de leurs élus. Sur fond de crise économique chronique et donc de multiplication des fléaux sociaux, ces populations, déjà fort éprouvées par un terrorisme qui ne veut pas prendre fin, n'ont que ces défaillantes APC pour exprimer leur colère contre un Etat quin selon eux, les a abandonnés sur l'autel d'une libéralisation sauvage et anarchique décidée ailleurs et sans eux. La remise en cause du schéma de fonctionnement et de gestion de ces assemblées locales des affaires publiques locales est tellement intériorisée que les citoyens, à tort ou à raison, et pour n'importe quel motif sortent dans la rue, occupent des sièges de mairie et de daïra, bloquent des axes routiers et parfois détruisent et brûlent des édifices publics, le tout dans une anarchie indescriptible. Ainsi, on a eu, rien que pour cette année, des émeutes pour l'opacité et le favoritisme dans la distribution de logements sociaux, d'autres pour non-distribution pendant des jours ou des semaines de l'eau potable qui sont des revendications autant justes que justifiées, mais on a vu aussi des citoyens bloquer des routes et manifester leur colère à propos de pollution, d'accidents de la circulation provoqués par des chauffards ou par des individus conduisant en état d'ébriété ou sur des questions de moeurs. Accusées de tous les maux qui rongent l'Administration algérienne dans sa globalité, les APC, renouvelables tous les cinq ans, sont aujourd'hui une sorte de bouc émissaire de tous les dysfonctionnements de l'Etat et de ses désengagements de la sphère sociale. Certes, les passe-droits, la corruption, les abus d'autorité qui ont prévalu au sein de ces institutions ont contribué à la rupture du peu de confiance qui pouvait exister entre les citoyens et leurs élus. Mais les protestations sauvages, les émeutes et les destructions vont-elles apporter pour autant les solutions adéquates aux problèmes que vivent ces citoyens?