Courroucés par l'élaboration d'une liste fictive de bénéficiaires, ils ont tenu jeudi un sit-in devant le siège de la daïra. L'application de la décision d'évacuer le marché hebdomadaire de Bouira et l'affectation de ses occupants à l'ex-dépôt de la Ccls ne fait pas que des heureux. En effet, jeudi en fin d'après-midi, une soixantaine de commerçants ont observé un sit-in devant le siège de la daïra du chef-lieu de wilaya. Selon les protestataires, la liste des bénéficiaires de cette opération de recasement comprendrait des intrus, des membres de la même famille, et aurait omis les véritables ayants droit. Un commerçant nous affirmera qu'il exerce dans ce marché depuis sa création en 1992 et payait quotidiennement 150 DA de droit de place. Toujours, selon les personnes rencontrées, certains bénéficiaires n'auraient jamais exercé au niveau de l'ancien marché, mais auraient acquis des espaces dans l'enceinte du nouveau marché. La liste de la discorde comprend, selon des informations recueillies auprès des contestataires, 108 noms. Une centaine de personnes aurait déjà reçu l'ordre d'installation. Une trentaine de marchands de fruits et légumes auraient été exclus sans motif apparent ou convaincant, du moins pour les concernés. «L'histoire de la détention du registre du commerce est un faux argument parce que nombreux sont les favorisés qui n'ont pas de registre», soutiendra un commerçant. Dans cet inventaire des griefs, les commerçants contestent la présence sur la liste de commerçants de gros. Il y a une année, les locaux de l'ex-Orecpo ont été réquisitionnés pour y abriter la vente en gros, mais les Domaines tardent à retirer les marchandises saisies déposées sur les lieux. Trois commissions chargées du recensement ont travaillé à l'élaboration de cette liste. L'APC et la daïra sont les deux institutions en charge du dossier. Selon les contestataires, les deux instances se rejettent la responsabilité. «A l'APC, on nous dit que c'est la daïra qui a établi les listes. Quand on s'adresse à la daïra, on nous renvoie aux élus qui connaissent mieux les gens...», confie un commerçant qui, de l'avis de tous les présents, est l'un des pionniers de ce marché. Notre tentative d'avoir l'autre version a été vaine. Les responsables étaient difficiles à joindre. Pour rappel, le marché hebdomadaire de Bouira, devenu avec le temps un marché quotidien, n'offre aucune condition élémentaire d'hygiène et de sécurité à ses destinataires. Situé à côté d'une gare routière et longeant un boulevard en réalisation, le lieu insalubre se devait de disparaître pour laisser place à des équipements publics adaptés. On parle d'un théâtre, d'une bibliothèque et d'une salle de sport. Sa délocalisation devait se faire au niveau des locaux abandonnés et réhabilités de la Coopérative des céréales et légumes secs (Cols). 108 box ont été aménagés pour la circonstance. L'APC, à qui échoit la gestion du site, aura une opportunité de recettes si, bien sûr, les responsables veulent rentabiliser le lieu. L'expérience du marché couvert situé en contrebas du pont «Sayah», qui devait recevoir les occupants du marché de la gare, aujourd'hui éradiqué mais qui a fini par devenir un lieu squatté par des familles chassées depuis le site archéologique du fort turc de Draâ El Bordj, est encore en mémoire. En attendant le dénouement de l'affaire de ces listes, le délai accordé pour les recours qui expirent selon les commerçants, mardi prochain, les responsables doivent déjà prendre les devants en élaborant un cahier des charges où seront définies les conditions d'entretien, de gestion d'un marché qui ne sera plus en plein air, mais dans un espace fermé. La fermeture de l'ancien marché et son remplacement sont deux décisions qui mettront fin au calvaire des Bouiris en hiver, avec la boue, et en été avec les odeurs nauséabondes et les poussières.