Les normes de sécurité pour un marché qui recevra des milliers d'usagers ne sont pas garanties. Comme annoncé dans nos éditions précédentes, le marché hebdomadaire de Bouira a été rasé mardi dernier. D'hebdomadaire, ce marché est devenu, avec le temps, quotidien sans pour autant offrir la moindre condition élémentaire d'hygiène, de sécurité à ses destinataires. Situé à côté d'une gare routière et longeant un boulevard en chantier, le lieu insalubre se devait de disparaître pour laisser place à des équipements publics adaptés. C'est sous haute surveillance policière, que l'opération a été menée par les engins en présence d'unités de la Protection civile, venues parer à d'éventuels accidents. Rappelons que la liste des bénéficiaires des nouveaux locaux aménagés dans les hangars de l'ex-Ccls, n'a pas fait l'unanimité. Plusieurs commerçants ont observé des sit-in devant la daïra et au niveau du siège de l'APC, pendant plusieurs jours. Parmi les griefs retenus et dénoncés par les protestataires, la présence de personnes étrangères, l'attribution de plusieurs locaux à des membres d'une même famille, l'octroi de places à des commerçants ne disposant pas de registre du commerce... Lors de l'opération de déménagement, des responsables de la direction du commerce étaient sur les nouveaux lieux pour recenser les commerçants, mais aussi, selon un cadre de cette direction, pour les orienter vers l'administration, en charge de leur établir des registres du commerce. Une preuve de la véracité des dires des personnes rencontrées devant la daïra lors du premier mouvement de protestation. «Certaines autorisations ou affectations portent des affiliations erronées, d'autres ne portent pas de cachet...», soutiendra un citoyen sur place. Lors de la visite des nouveaux locaux, nous avons remarqué, que seules les deux grandes portes, donnant sur le nouveau boulevard (est), étaient ouvertes. Les lieux exigus avec un toit haut de moins de 3 mètres sans aucune bouche d'incendie... représentent un réel danger pour les milliers de personnes appelées à fréquenter ce marché. Précisons que les locaux ont été conçus pour permettre le stock des légumes secs non pour accueillir des flux humains. Outre, ce problème de sécurité, le cas des anciens gardiens du marché s'est encore posé. Des jeunes payés par les commerçants assuraient depuis 25 ans la garde de nuit des marchandises. Ces derniers s'inquiètent pour leur avenir. «Nous sommes des pères de famille, qui vivions de ce travail, du jour au lendemain, nous sommes au chômage... Qui prendra en charge notre cas?», s'interrogent-ils. La gestion de ces lieux est une autre difficulté pour les responsables. Les commerçants au niveau de l'ancien marché avaient des registres du commerce d'étal. Ils payaient une redevance à l'adjudicataire. Le loyer était honoré auprès de l'APC, propriétaire des lieux. Est-ce que la commune a les moyens d'assurer l'hygiène, la sécurité et la gestion des lieux? La réponse est connue quand on voit au quotidien les difficultés d'une APC qui ne dispose ni des moyens humains et encore moins matériels, pour autant de missions. L'ouverture de cette enceinte commerciale met certes, fin au calvaire des Bouiris, qui pataugent en hiver dans la boue, et qui respirent en été les odeurs nauséabondes et les poussières, mais, les expose à un autre danger si les responsables ayant agi à la hâte ne rectifient pas le tir en aménageant des sorties de secours, la pose d'extincteurs... Signalons, cependant, que les alentours de ce nouveau lieu public commercial font l'objet de travaux d'aménagement puisque même le gazon a été posé mardi dernier, dans les deux espaces prévus devant l'entrée.