Placée sous le titre Une nation en exil, l'exposition dédiée à ce chantre de la poésie arabe engagée s'étalera sur un mois. «Un poète n'est jamais libre tant que les autres ne le sont pas», ainsi confiait Mahmoud Darwich dans une interview où il évoquait son intime relation qui le lie à la Palestine, son pays, sa femme, sa muse, sa terre et sa mer (e) qu'il n'a cessé de clamer, d'invoquer et de réclamer haut et fort à travers sa poésie. Mahmoud Darwich, un nom qui résonne et tonne comme une révélation divine pour dire la vérité des hommes opprimés et dépossédés de leur terre. Leurs sourdes inquiétudes et leurs rebellions. On ne peut rester insensibles à ses mots, à leur magie. C'est pourquoi beaucoup de monde s'est déplacé jeudi soir au Musée d'art moderne et contemporain où était organisée conjointement par l'Agence de rayonnement culturel et les éditions Barzakh, cette formidable exposition dédiée à ce chantre de la poésie arabe, épris de justice et de paix dans le monde. Gravures, calligraphies, installations vidéo, livres, danse et... poésie! Une exposition placée sous le titre Une nation en exil entrant dans le cadre des festivités relatives à la «Palestine, capitale de la culture arabe». Inaugurée par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, cette exposition comprend une série de vingt et une gravures réalisées par l'artiste peintre algérien Rachid Koraïchi dont des poèmes de Mahmoud Darwich ainsi que des oeuvres conçues en partenariat intellectuel avec lui à l'instar du grand poème intitulé La Qacida de Beyrouth, texte écrit en temps réel. «Un moment particulièrement fort de ma vie a été le travail avec Mahmoud Darwich à Tunis en 1981. Dans ce projet, il n'était pas question pour moi d'illustrer ses poèmes. J'aime beaucoup ses textes et il appréciait mon travail. Je voulais donc saisir esthétiquement l'émotion à la naissance de son poème», a confié Rachid Koraïchi qui a suivi «le jaillissement de ces textes dans une exaltante aventure picturale» qui dura trois ans et dont le résultat a été la création d'oeuvres présentées sous forme de Mou'allaqat. «Ce projet est un compagnonnage de bout en bout, de Mahmoud Darwich. J'ai fait une écriture parallèle à la sienne. J'ai fait une écriture plastique d'invention nouvelle qui donne, à ma manière, une nouvelle dimension poétique à l'écriture des poèmes de Mahmoud Darwich», a précisé Koraïchi dont les gravures sont placées en vis-à-vis des textes calligraphiques en koufi du calligraphe irakien Hassan Messaoudi. En parallèle à l'exposition, dans un petit coin épuré du Mama, un spectacle chorégraphique signé Nacéra Belaza a été donné. Force et recueillement par le mouvement du corps a tendu à exprimer tout le talent et l'impétuosité du vers de Darwich et son insolente bravoure. Dans la continuité de cette manifestation s'est tenue, hier à Dar Abdelatif, une lecture poétique étrennée par Inaâm Bayoud, poète et directrice de l'Institut arabe de la traduction, sur un accompagnement musical du oud. Aussi, note-t-on, Dar Abdelatif reçoit pendant un mois, dans le cadre d'une résidence d'écriture, deux poètes, la Palestinienne Najwan Darwish et l'Algérien Adallah Hamel. Aussi, un concert des plus merveilleux, animé par Moneim Adwan Quatuor, s'est tenu hier soir à la salle Ibn Zeydoun. Un colloque sur la vie et l'oeuvre riche de Mahmoud Darwich se tiendra aujourd'hui au Mama.