Une question pertinente s'impose: qui arrêtera la machine madrilène? L'Olympique de Marseille n'a pas échappé à la règle: le Real Madrid «néo-galactique» peine à trouver un style et tâtonne son football, jusqu'à ce que Cristiano Ronaldo décoche sa droite mortelle, prélude à une pluie de buts qui laisse l'adversaire K.-O. La (trop?) nette victoire des Madrilènes (3-0) face aux Phocéens, mercredi soir, en Ligue des champions reflète à la perfection le début de saison paradoxal du Real version Ronaldo-Kaka-Benzema: étourdissant au plan comptable, décevant au plan collectif. «Ce Real Madrid, qui a suscité une énorme attente, n'obtient pas l'adhésion du public» ultra exigeant du club le plus capé d'Europe, «indifférent aux résultats et attentif aux défauts», relevait, jeudi, le quotidien El Pais. Un commentaire partagé par l'ensemble des médias espagnols, qui ne peuvent s'empêcher de comparer le style marteau-piqueur du Real au jeu léché et inspiré du FC Barcelone. Les chiffres sont pourtant sans appel. Le Real a enchaîné, toutes compétitions confondues, sa septième victoire d'affilée, avec 24 buts au compteur, plus de trois en moyenne! Et il n'en a encaissé que quatre. A lui seul, Cristiano Ronaldo, le joueur le plus cher du monde (94 millions d'euros) en a marqué neuf: cinq en Liga, où il est seulement devancé par David Villa (6), quatre en Ligue des champions, dont il a pris la tête du classement des buteurs après ses deux réalisations contre l'OM. Pourtant, comme en Liga ce week-end face au modeste Tenerife (3-0), le Real Madrid a longtemps souffert face à un OM solide en défense et explosif en contre, avant de trouver la solution par l'inévitable Ronaldo. Et comme face à Tenerife, ce n'est qu'en deuxième période qu'il a trouvé la clé, face à un adversaire aux jambes alourdies. Malgré un tandem de créateurs de la classe de Kaka et Guti, un récupérateur né comme Lassana Diarra (absent mercredi car blessé) et un pondérateur du niveau de Xavi Alonso, le milieu du Real peine à trouver ses attaquants, quels que soient les partenaires de Ronaldo: Benzema, Raul ou Higuain. Devant, c'est parfois l'embouteillage. «On se piétine», a plusieurs fois relevé Benzema, dont la cote monte au Real après son doublé face à Tenerife et son bon match face à Marseille. Bref, la meringue a du mal à prendre. La machine repose sur des exploits individuels, qui finissent toujours par arriver. Le premier but du Real mercredi est symptomatique. Il n'est pas venu d'une belle phase de jeu collective, mais d'une longue passe dans l'axe du défenseur central Pepe à Cristiano Ronaldo qui s'est joué de Mandanda. Ce n'est qu'une fois libéré que le Real a démontré son potentiel collectif, avec le somptueux jeu à trois dans la surface de l'OM entre Kaka, Benzema et Ronaldo qui amène le troisième but. L'entraîneur du Real, Manuel Pellegrini, appelle à la patience: «L'équipe a des hauts et des bas, mais c'est normal avec tant de nouveaux joueurs dans le bloc. Semaine après semaine, nous nous améliorons dans le fonctionnement de l'équipe, et c'est ce dont nous avons besoin». D'ici là, que se passera-t-il quand le Real affrontera un adversaire plein de répondant? Première réponse dimanche en Liga chez le FC Séville, fringant 3e du classement, peut-être sans Ronaldo, incertain, en raison d'une légère entorse à la cheville droite contractée contre l'OM.