Alors que les réformes sont axées sur le côté quantitatif, la qualité de l'enseignement laisse à désirer. C'est la rentrée universitaire. 1164.137 étudiants rejoignent aujourd'hui les enceintes de l'enseignement supérieur. Parmi ces étudiants, pas moins de 134.981 sont de nouveaux bacheliers. Avec 57, 7% de réussite, le taux des filles titulaires du Bac est supérieur à celui des garçons. Pour les prendre en charge, les autorités ont prévu un plan réparti sur deux volets: l'encadrement pédagogique et les capacités d'accueil. Pour l'encadrement, pas moins de 35.000 enseignants seront à pied d'oeuvre. Ainsi, chaque enseignant s'occupera de 30 étudiants. Pour rester dans l'arithmétique, il est prévu la création de 7184 postes de formation en magistère. Aussi, le système Licence-Master-Doctorat (LMD) sera élargi. Preuve en est, un ensemble de 2240 postes de graduation de troisième degré LMD seront ouverts. Les sciences médicales ne seront pas en reste. A cet effet, il est prévu l'ouverture de 2450 postes de spécialisation. Côté infrastructures, la rentrée universitaire verra l'ouverture d'un centre universitaire, de 4 écoles nationales, de 56 cités universitaires à l'échelle nationale. A cet effet, la formation doctorante bénéficiera de 83 écoles spécialisées. La lecture de ces chiffres pourrait donner le vertige et même une overdose de satisfaction. En ce sens, les autorités n'ont pas manqué de faire retentir «les clairons de la renommée». Pourtant, la réalité de l'Université algérienne est tout autre. En matière de performances, cette dernière fait preuve d'inaptitude à se conformer aux normes pédagogiques internationales. Et ce n'est surtout pas le dernier classement mondial, établi par Ranking Web of World Universities, qui en apportera le démenti. Fait à la mi-septembre dernier, ce classement a infligé une gifle cinglante à l'enseignement supérieur. Pour rappel, l'université Djillali-Liabès, du nom de l'illustre intellectuel algérien assassiné par «les loups qui habitent la nuit», a été confinée à la peu glorieuse 4116e place mondiale. Pour sa part, l'université Houari- Boumediene, auréolée du mythe de la plus grande du genre à l'échelle africaine, figure au 7008e rang mondial. Et c'est tout l'arsenal des réformes mis en place qui a essuyé un véritable camouflet. Lequel camouflet renvoie à une réalité des plus amères. Malgré toutes les mesures prises, la rentrée universitaire est reportée sine die. En tout cas, la qualité de l'enseignement laisse à désirer. A ce titre, l'Université algérienne présente le spectacle désolant de l'institution sevrée de «sa crème». Durant les année 90, l'obscurantisme a frappé la sphère intellectuelle algérienne de plein fouet. De ce fait, l'élite s'est retrouvée confrontée à une situation aussi cruelle qu'absurde: abdiquer ou disparaître. Aujourd'hui encore, l'Université fait face au retour, programmé ou non, de l'intégrisme sous toutes ses formes. Cela donne la mesure du fossé qui sépare l'intellectuel de la société. Cette situation a pour conséquence de préparer le terrain aux acteurs fondamentalistes de tous bords, pour répandre leurs discours et élargir leur champ d'action. Face à cette situation, l'impératif est de réhabiliter le rôle de l'intellectuel dans la société, celui de l'éclaireur qui libère l'esprit du dogme.