Le département juridique du ministère israélien des Affaires étrangères a déconseillé ce voyage à l'ex-chef d'état-major. Le vice-Premier ministre israélien, Moshe Yaalon, a dû renoncer à se rendre à Londres de crainte de poursuites pour «crime de guerre» lorsqu'il était chef d'état-major entre 2002 et 2005, a-t-on appris hier auprès de son porte-parole. M.Yaalon, chargé des Affaires stratégiques, devait participer à un dîner de collecte de fonds en faveur des soldats israéliens. Le département juridique du ministère israélien des Affaires étrangères a déconseillé ce voyage à l'ex chef d'état-major étant donné le risque qu'un tribunal britannique ordonne son arrestation, selon cette source. M.Yaalon était chef d'état-major lorsqu'un appareil F16 de l'armée de l'air a largué une bombe d'un tonne à Ghaza, tuant outre Salah Chehadeh, chef de la branche armée du mouvement islamiste Hamas, quatorze civils dont sa femme et huit enfants, le 22 juillet 2002. M.Yaalon avait déjà été contraint de renoncer à un voyage en Grande-Bretagne en 2005 après qu'un mandat eut été délivré par un juge britannique à la demande d'un cabinet juridique de Londres, spécialisé dans la défense des droits de l'Homme, contre un autre haut gradé en poste à l'époque, le général de réserve israélien Doron Almog. M.Yaalon, cité par son porte-parole, a expliqué qu'il s'abstenait depuis plusieurs années de se rendre en Grande-Bretagne pour ne pas «faire le jeu de la propagande anti-israélienne». «Il s'agit d'une campagne de délégitimation qui a commencé avec l'affaire Chehadeh et se poursuit avec le rapport Goldstone», a poursuivi le ministre, en référence au rapport de l'ONU accusant Israël de «crimes de guerre» lors de son agression contre Ghaza en décembre-janvier dernier. La justice israélienne s'était refusée dans un premier temps à engager des poursuites contre les officiers impliqués dans l'élimination de Salah Chehadeh. En fin de compte, une procédure judiciaire avait été enclenchée, sans déboucher jusqu'à ce jour sur une inculpation. Une telle procédure met à l'abri des suspects de poursuites internationales, Israël pouvant arguer que sa propre justice a été saisie. Des militants pro-palestiniens ont pour leur part déposé la semaine dernière une requête devant un tribunal britannique pour l'arrestation du ministre israélien de la Défense, Ehud Barak, protestant contre sa visite en Grande-Bretagne. Un groupe d'avocats a saisi le tribunal de Westminster à Londres pour qu'un mandat d'arrêt soit émis, arguant que M.Barak était ministre de la Défense pendant l'offensive israélienne de Ghaza, l'hiver dernier.