Les cas d'assassinats d'enfants suivis de trafic d'organes, largement répandus par la rumeur, ne sont pas avérés. Depuis deux ans, les informations faisant état d'enlèvement d'enfants se font plus répétitives et récurrentes. La rumeur en amplifie souvent l'importance, faisant naître de véritables psychoses dans les villes et les quartiers dans lesquels elle agit. C'est ce qui s'est passé à Annaba, Boufarik et certains quartiers d'Alger, l'été dernier. Il y a un peu plus d'un mois, la presse quotidienne a donné la pleine mesure à cette rumeur, en rapportant l'arrestation, à Chlef, de deux hommes qui roulaient avec, dans la malle de leur voiture, un enfant de six ans ligoté. Les deux comparses auraient, par la suite, et toujours selon la presse, avoué qu'ils faisaient partie d'un vaste réseau de rapts d'enfants et...de trafics d'organes. Rien de tel. Après des contacts avec les instances policières et judiciaires de la ville de Chlef, il s'est avéré qu'il s'agissait d'une affaire de... pédophilie. Alors, ces histoires saugrenues à vous dresser les cheveux sur la tête auraient-elles trait à un réseau de trafic d'organes? Un officier de la police scientifique affirme: «Il faut être d'une naïve disponibilité pour croire que de telles pratiques peuvent exister avec autant de facilité. Le rapt d'enfants, suivi d'assassinat et de prélèvement d'organes sur les cadavres requiert au minimum cela: des hommes de main, des tueurs, des médecins, des chirurgiens, des infrastructures sanitaires, des équipements high-tech où stocker les organes humains afin de les préserver de lésions et de détériorations biologiques irréversibles, etc. C'est donc toute une technique et des moyens appropriés qu'il faudrait pour s'adonner au trafic d'organes, et, sincèrement, il est peu probable de trouver des médecins assez fous pour se lancer dans des aventures inhumaines pareilles.» Mais le fait est là, on continue à croire dur comme fer que des vols d'enfants, suivis de prélèvement d'organes existent, à une échelle très réduite, certes. C'est souvent dans les milieux ruraux que cette croyance persiste encore dans les Hauts-Plateaux et les villes de l'intérieur (Sétif, Laghouat, Djelfa, M'sila, El-Bayadh, Chlef, etc.).