Constat n Chez la police, les affaires les plus traitées sont celles ayant trait à une disparition. Les histoires des trafics d'organes ne sont, pour cette institution, que l'émanation de rumeurs amplifiées. InfoSoir : La rue algéroise est bouleversée par la disparition du petit Yacine. Où en est aujourd'hui l'histoire ? Mme Keïra Messaoudène l Tout d'abord, je dois écarter le terme d'enlèvement parce que c'est à l'enquête de donner les résultats définitifs ainsi que les tenants et les aboutissants de l'histoire. C'est à l'enquête de définir, s'il y a enlèvement ou pas. Je conviens que c'est une disparition ayant un caractère inquiétant. N'oublions pas qu'il s'agit d'un enfant de quatre ans. L'enquête suit son cours. Sur ce cas, il y a tous les services de police du secteur dont dépend territorialement le domicile parental. Ils sont mobilisés H/24 pour résoudre l'énigme de cette disparition inquiétante. Vous n'allez écarter aucune piste ? l Toutes les pistes sont à explorer. On n'en écarte évidemment aucune. N'oublions pas qu'il y a eu malheureusement par le passé des cas d'enlèvement suivis d'assassinat. Mais ces cas limités donnaient l'air d'être des règlements de compte, puisque généralement les auteurs de ces actes ignobles étaient dans de larges proportions des proches. Mais espérons pour notre cas qu'on pourra retrouver le petit Yacine vivant. Et les rumeurs qui font rage ? l On a toujours constaté que lorsqu'il y a disparition d'un enfant, surtout dans le cas des enfants en bas âge, il y a tout le temps des rumeurs qui circulent. Evidement, la première chose qu'on entend dans la rue c'est le trafic d'organes. Mais je le dis clairement et nettement. Jusqu'à présent aucun cas de trafic d'organes n'existe en Algérie. Les services de police n'ont jamais traité d'affaire ayant trait à un quelconque trafic d'organes. Je dis aussi qu'aucune plainte d'enlèvement d'enfant n'a été relevée. Il est connu de notoriété que cette forme de criminalité, exige des gros moyens et une technique qui ne sont pas à la portée de n'importe quel réseau. Et les détournements des mineurs ? l Le volet de détournement de mineur, lui, est bien réel. A la police, on évite de parler d'enlèvement d'enfant, car généralement, lorsqu'il y a enlèvement, on entend parler de rançon, et entend aussi parler d'approche familiale, c'est-à-dire un prétendu lien de parenté entre la victime et l'auteur. Mais pour ce qui est des détournements des mineurs, le phénomène est surtout à caractère passionnel, en vue d'abuser sexuellement de ces enfants. Seulement dans ces cas précis, le laps de temps de détournement est relativement court. Donc, on préfère parler dans ces cas de détournement suivi d'agressions sexuelles. Y a-t-il un portrait-type pour un auteur de détournement ? l On ne peut pas définir un portrait-robot d'un auteur des détournements de mineurs. Cela dépend des cas. Il y a les dépravés sexuels et les personnes qui, malgré le fait qu'ils aient une bonne situation socioprofessionnelle, ont eu une sorte de déviation morale par rapport à la parabole, à Internet et aux jeux modernes. Donc, il est vraiment difficile de définir le profil d'un auteur de détournement de mineurs à caractère sexuel. Les pédophiles et les pédo-sexuels n'ont pas des traits apparents. Peut-on parler de démission parentale ? l Dans le traitement de ces affaires, nous avons constaté en effet une démission parentale. On ne peut pas imaginer qu'un enfant de deux ou trois ans soit laissé par sa mère sur le bas-côté de la maison ou qu'il soit surveillé par son frère de cinq ans. Il faut apprendre à s'inquiéter. L'implication dans la surveillance des enfants doit interpeller tout le monde, le voisinage, les parents. On constate aussi la passivité des gens. Il faut que ces derniers aient la culture du signalement quand ils remarquent un suspect qui rôde devant une école ou devant une crèche.