Le président arménien Serge Sarkissian a annoncé hier qu'il se rendrait demain en Turquie pour assister à un match de football, quelques jours après la signature d'un accord historique de normalisation des relations entre les deux pays. «Si rien d'extraordinaire ne se passe d'ici deux jours, j'irai à Bursa et soutiendrai mon équipe bien-aimée», a déclaré M.Sarkissian à la presse à l'aéroport d'Erevan avant de s'envoler pour Moscou. «Je n'ai pas de raisons sérieuses de ne pas accepter l'invitation», a-t-il ajouté. La Turquie et l'Arménie ont signé samedi à Zurich (Suisse) des accords historiques visant à établir des relations diplomatiques et rouvrir leurs frontières, alors que leurs relations restent hantées par le souvenir des massacres d'Arméniens pendant la Première guerre mondiale. Depuis un an, le sport a été mis à contribution dans ce rapprochement. Le président turc Abdullah Gül avait ainsi fait en septembre 2008 une visite historique à Erevan pour le match aller de qualification au Mondial 2010 entre les équipes nationales. Le président arménien doit assister au match retour avec son homologue turc. Invité, il n'avait pas donné jusqu'ici sa réponse. M.Sarkissian a par ailleurs, estimé que les conditions posées par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, pour la réouverture des frontières, à savoir une avancée sur la question du Nagorny-Karabakh, étaient avant tout destinées à apaiser l'opinion en Azerbaïdjan. «Ces déclarations visent l'auditoire azerbaïdjanais. Sinon, je ne comprends pas (pourquoi elles ont été faites). Si les Turcs ne veulent pas ratifier les protocoles, pourquoi alors les ont-ils signés?», a-t-il lancé. «Aujourd'hui, la balle est dans le camp de la Turquie. Nous sommes assez patients, nous attendrons l'évolution des événements», a poursuivi M.Sarkissian. «Nous irons sans hésitation de l'avant. Si les Turcs ratifient les protocoles, nous poursuivrons le processus», a-t-il assuré. M.Erdogan a demandé dimanche que l'Arménie «se retire des territoires azerbaïdjanais qu'elle occupe», dans une allusion au Nagorny Karabakh, région peuplée majoritairement d'Arméniens qui, avec l'aide d'Erevan, a fait sécession de l'Azerbaïdjan après la chute de l'Urss. Les Arméniens ont pris le contrôle de l'enclave et des territoires azerbaïdjanais adjacents au terme d'une guerre de six ans (de 1988 à 1994), conduisant la Turquie à fermer en 1993 sa frontière, en soutien à son allié l'Azerbaïdjan. Le président russe Dmitri Medvedev devait recevoir M.Sarkissian hier au Kremlin. La Russie, alliée de l'Arménie, est activement engagée dans les négociations en cours pour tenter de parvenir à un règlement de la question du Nagorny Karabakh.