C'est aujourd'hui qu'aura lieu la signature de l'accord de normalisation en présence notamment du chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, et de son homologue américaine, Hillary Clinton. La Turquie et l'Arménie doivent signer aujourd'hui à Zurich (Suisse), en présence de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et de Sergueï Lavrov, chef de la diplomatie russe qui assisterons à la cérémonie de signature par la Turquie et l'Arménie d'accords visant à normaliser leurs rapports bilatéraux empoisonnés par la question des massacres d'Arméniens, un génocide pour Erevan. L'Arménie, la Turquie et la Suisse, pays médiateur entre Erevan et Ankara, n'ont jusqu'ici pas confirmé la date du 10 octobre, initialement annoncée par la partie turque. C'est la Russie qui joue un rôle géostratégique dans la région, qui a annoncé jeudi que la signature aura bien lieu samedi (aujourd'hui). «La signature de documents turco-arméniens, fixée au 10 octobre à Zurich, va (...) mener sur le chemin de relations inter-étatiques normales entre l'Arménie et la Turquie», a déclaré Andreï Nesterenko, porte-parole de la diplomatie russe. «Il faut vous attendre une déclaration prochaine de la Suisse et non pas de l'Arménie ou de la Turquie. Nous n'avions pas donné de date spécifique mais dit qu'elle (la signature) aurait lieu dans les plus brefs délais», avait affirmé auparavant le chef de la diplomatie turque Ahmet Davutoglu. Mme Clinton, dont le pays a salué dès le début le processus de dialogue entre les deux voisins, sera l'hôte de marque à Zurich. Elle «assistera à la signature de deux protocoles d'accord entre les gouvernements de la Turquie et de l'Arménie», a annoncé à la presse Philip Gordon, un responsable du département d'Etat chargé de l'Europe. Ce rendez-vous marquera le début d'une tournée qui mènera ensuite Mme Clinton au Royaume-Uni, en Irlande et en Russie jusqu'au 15 octobre. Opposées par une histoire commune sanglante, la Turquie et l'Arménie ont annoncé en août être convenues de deux textes qui envisagent notamment l'établissement de relations diplomatiques et la réouverture de leur frontière. Les deux pays ont beaucoup à gagner d'une réconciliation: la Turquie espère faire avancer ses négociations d'adhésion avec l'Union européenne, tandis que l'Arménie, enclavée et sans ressources pétrolières, sortira de l'isolement. Pour devenir effectifs, ces protocoles doivent être ratifiés par les deux parlements. Or, même si les gouvernements d'Ankara et d'Erevan y disposent d'une majorité suffisante, le processus pourrait prendre du temps en raison de l'hostilité des députés des deux côtés au processus en cours. La question des massacres d'Arméniens, entre 1915 et 1917, est au coeur du débat. A une époque où l'Empire ottoman était sur le déclin, plus d'un million d'Arméniens, chrétiens perçus comme une menace pour la sécurité de l'empire, ont été tués par les forces ottomanes, selon les Arméniens qui qualifient ces massacres de génocide, comme la France, le Canada ou le Parlement européen. La Turquie a toujours rejeté le terme de génocide, parlant de tueries réciproques. Le différend s'est encore aggravé en 1993 avec le soutien donné par Erevan aux indépendantistes du Haut-Karabakh, enclave arménienne sur le territoire de l'Azerbaïdjan, pays turcophone et musulman. La Turquie a alors fermé sa frontière avec l'Arménie. Les dirigeants turcs ont déclaré que cette frontière ne serait pas rouverte tant que l'Arménie ne retirerait pas ses troupes de cette région. L'Arménie, pour sa part, rejette tout lien entre le Karabakh et le processus de rapprochement avec Ankara. Le sport a été mis à contribution, dans ce rapprochement. Le président turc Abdullah Gül a fait en septembre 2008 une visite historique à Erevan, pour le match aller de qualification au mondial 2010, entre les équipes nationales. Le président arménien Serge Sarkissian, invité, n'a pas pour l'instant annoncé sa venue au match retour, le 14 octobre en Turquie.