Une reconnaissance ressuscitée après les décombres des années de braise. En attendant d'autres... L'espoir renaît chez les réservistes de l'Armée nationale populaire, victimes du terrorisme. Désormais, ces derniers percevront une pension de retraite mensuelle. Et le dossier de leur indemnisation sera pris en charge par le ministère de la Défense nationale. Une rumeur? Loin s'en faut! Cette information est tout ce qu'il y a d'officiel. Et pour cause, elle a été rapportée par la revue El Djeïch, porte-parole officiel du MDN, dans sa dernière publication. Selon cette revue: «La date de prise d'effet (de la mesure évoquée) est fixée à la date de radiation sans que celle-ci ne soit antérieure au 1er janvier 1992.» Et voilà que ressuscite la reconnaissance officielle sur les décombres des années de braise. Pour ceux qui n'ont pas la mémoire courte, le chemin fut long, parsemé d'embûches, surtout de bombes, d'embuscades et de faux barrages. Combattre «les loups qui habitent la nuit» n'a jamais été un simple jeu d'échecs. Surtout quand il y va de vies humaines. Et le prix à payer fut lourd, très lourd même. Combien de soldats sont morts en plein accrochage, combien ont-ils eu la tête tranchée. Combien ont-ils eu la jambe et/ou le bras amputés, combien sont-ils revenus de la gueule du loup, complètement groggy, combien sont-ils à subir, à ce jour, les séquelles d'une longue nuit. Maculée de sang, cette nuit a plongé le pays dans les ténèbres d'un passé conjugué au reniement d'un présent synonyme de peur et d'un futur prisonnier de l'incertitude. C'est dire que les réservistes, rappelés dans l'urgence, ont mis leur vie en péril pour que survive le pays à la folie furieuse des «ennemis de la vie.» Aujourd'hui donc, tous ceux, parmi les rappelés, qui ont payé le prix fort de leur engagement, seront «récompensés.» A ce titre, la revue El Djeich rapporte: «Le ministère de la Défense nationale a pris l'initiative de proposer l'octroi d'une retraite aux catégories citées.» Cela dit, la revue du MDN n'a pas omis de mentionner que «cette proposition a été adoptée et entérinée dans la loi de finances complémentaire 2009.» En effet, l'article 71 de ladite loi stipule: «Les personnes du Service national victimes de nuisances physiques durant les opérations de maintien de l'ordre ou lors des opérations de lutte antiterroriste ou du fait d'opérations terroristes ou d'accidents survenus dans le cadre de lutte antiterroriste durant l'accomplissement du Service national, dans la période du maintien ou du rappel, reçoivent une pension de retraite prise sur le budget de l'Etat». L'opération d'indemnisation sera assurée par la Caisse militaire des retraites. A ce sujet, El Djeïch explique: «La Caisse militaire des retraites a été chargée de verser les pensions mensuelles à la Caisse d'indemnisation des victimes du terrorisme (Fivat).» Aussi, les réservistes décédés ne seront pas en reste. A ce sujet, la même source ajoute: «Quant aux bénéficiaires de pensions mensuelles, et qui sont décédés avant le transfert de leur dossier au Fivat, leurs ayants droit peuvent se rapprocher de la Caisse militaire des retraites pour percevoir leurs droits à la pension.» Toute cette panoplie de mesures entre dans un cadre commun: la couverture sociale pour les rappelés. Cela dit, seuls en bénéficient ceux qui ont subi des «préjudices corporels dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.» Au demeurant, des milliers de rappelés, épargnés, par la Faucheuse terroriste, vivent une situation des plus difficiles. En clair, leur réinsertion sociale est loin d'être acquise. En témoigne H.B., originaire de la wilaya de Tizi Ouzou: «J'ai été rappelé dans le cadre de la lutte antiterroriste. J'ai répondu présent et en guise de récompense je me retrouve en chômage. Cette situation perdure depuis 15 ans.» Il va sans dire que cette catégorie de rappelés mérite plus d'égards.