Les éléments du service national victimes du terrorisme peuvent enfin souffler. Après un ostracisme qui a duré plus d'une décennie, l'Etat a décidé enfin de prendre en charge cette catégorie de citoyens qui ont beaucoup donné dans la lutte contre le terrorisme. Ainsi, après avoir instauré une pension dans la loi de finances complémentaire 2009, l'Etat, par le biais du ministère de la Défense nationale, a annoncé avoir accordé la couverture sociale aux blessés et à leurs proches. Cela va de soins médicaux spécialisés aux autres avantages sociaux comme l'accès gratuit à certains centres de repos ou même réseaux de transports. C'est ce qu'a déclaré le colonel Saïd Chalabi, directeur de la Caisse militaire des retraites (CMR), cité par la revue mensuelle de l'Armée nationale populaire, El Djeïch, selon l'APS. Cette couverture sociale englobe «le suivi médical, la gratuité des soins et même le transfert vers des hôpitaux étrangers des cas qui ne peuvent pas être traités en Algérie», a-t-il précisé. Il a également rappelé la pension d'invalidité, à la charge du ministère de la Défense nationale (MDN), conformément au code des retraites militaires allouée aux catégories de victimes de préjudices corporels ou psychologiques qui va être revue, enrichie et amendée, en plus de la pension mensuelle versée par la caisse qui va être révisée et portée à un taux minimal de 60% suivant la grille indiciaire des salaires des personnels militaires en activité. A cela il faut ajouter la pension d'invalidité accordée à cette catégorie dans la loi de finances complémentaire 2009. «La date de prise d'effet [de la pension] est fixée à la date de radiation sans que celle-ci ne soit antérieure au 1er janvier 1992», explique le colonel Chalabi, ajoutant que la caisse «exécute la nouvelle mesure dès son entrée en vigueur, en versant les salaires et les arriérés aux bénéficiaires». Sur un autre plan, la pension de retraite «sera reversée aux ayants droit directement après le décès du bénéficiaire», signale-t-il, annonçant que «le taux de la pension de retraite a été porté à 90% du salaire». Evoquant l'indemnisation des éléments du service national et des réservistes victimes du terrorisme, il fait savoir que le MDN aura la charge de la gestion des dossiers y afférents à la place du Fonds d'indemnisation des victimes du terrorisme (FIVAT). «Quant aux bénéficiaires des pensions mensuelles et qui sont décédés avant le transfert de leur dossier au FIVAT, leurs ayants droit peuvent se rapprocher de la Caisse militaire des retraites pour percevoir leurs droits à la pension de reversion conformément aux nouvelles dispositions légales», précise-t-il. Ces mesures viennent à point nommé pour cette frange de la société qui a tant souffert des affres du terrorisme. Même les responsables de l'institution militaire reconnaissent une maladresse. C'est ce que confirme le colonel Chalabi qui affirme que «ces mesures sont venues combler un vide juridique», soulignant qu'elles «garantissent les droits des éléments du service national durant l'accomplissement de leur devoir soit en tant qu'appelés, en tant que maintenus après la durée légale de service ou en tant que rappelés». Ces déclarations confirment celles faites au mois de mai dernier par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui avait demandé publiquement des excuses à cette catégorie de victimes du terrorisme. «Au nom de l'Etat, je demande les excuses à nos enfants, issus du service national, qui sont victimes du terrorisme», avait-il déclaré devant les sénateurs. Des dizaines de jeunes du service national sont soit décédés soit blessés, dont certains grièvement, durant la période de terrorisme. Jusqu'à l'élaboration de la loi de finances complémentaire 2009, aucune loi ne les concernait directement. A. B.