Pour la première fois, le procès de 5 ex-détenus de Guantanamo se tiendra durant la prochaine session criminelle. Dans un contexte national tendu et marqué par de multiples incertitudes, on assiste à un déballage de dossiers noirs et de scandales impliquant de hauts cadres de l'Etat. L'affaire du thon rouge péché illégalement à Annaba, l'affaire de pots-de-vin éclatée au département des Travaux publics, impliquant respectivement le secrétaire général et un directeur central au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, le secrétaire général et le directeur de la planification du ministère des Travaux publics sont mises en exergue ces derniers jours. Les malversations révélées dans les deux départements respectifs touchent directement à la gestion des deniers publics où des sommes énormes, ont été détournées. Ces deux affaires qui défrayent la chronique ne sont pas les seules, loin s'en faut, d'autres sont également étalées au grand jour. Le procès en appel impliquant entre autres l'ex-directeur de l'Ecole supérieure de police et ses cadres s'est ouvert avant-hier devant la cour d'Alger. S'agit-il d'une véritable mise en branle de la guerre contre la corruption et d'une opération de salubrité publique? Ou bien, assiste-t-on à une chasse aux sorcières et de la poudre aux yeux faite de règlements de comptes? Auparavant, on a eu à suivre des scandales financiers aux faits invraisemblables, sans qu'il y ait eu de suite judiciaire ou autre. En tout cas, si l'objectif est réellement de combattre la corruption d'autres affaires devraient suivre pour en finir avec ce phénomène devenu chronique qui ronge les institutions de l'Etat et sape l'économie nationale. Dans le même ordre d'idées, seules 4 affaires liées à la corruption et au détournement des deniers publics sont inscrites au rôle de la prochaine session criminelle de la cour d'Alger dont l'ouverture est prévue pour dimanche prochain. S'agissant de l'affaire du thon rouge dont les protagonistes ont écopé de condamnations à la prison ferme, le verdict a été prononcé par le tribunal de Annaba à l'encontre du secrétaire général du ministère de la Pêche qui a été condamné à 8 ans de prison ferme, 6 ans contre le directeur central de la pêche et 5 ans pour les deux armateurs algériens ainsi que les six Turcs impliqués dans l'affaire, condamnations assorties d'amendes évaluées à 10 fois la valeur des 210 tonnes de thon et la saisie des navires. D'autre part, un complément d'information sur toutes les opérations de pêche au thon réalisées depuis 2006 pour situer les responsabilités de chacun a été demandé par le juge chargé de l'affaire. Le tribunal criminel près la cour d'Alger examinera lors de cette session plusieurs dossiers lourds. Figure au menu de la cour siégeant en session criminelle, notamment l'affaire du détournement de l'avion desservant la ligne intérieure Alger-Tindouf, dont le procès se déroulera le 22 du mois en cours. Cette affaire re-monte au 10 avril 2008 quand un quinquagénaire répondant aux initiales K. A., se présentant comme membre d'Al Qaîda et prétendant porter une ceinture d'explosifs s'est infiltré étrangement à travers les mailles du dispositif sécuritaire mis en place à l'aéroport international d'Alger. Ce dernier identifié comme escroc et qui s'avère être un harrag a tenté en fait de détourner l'avion vers les îles espagnoles des Canaries. Le dossier de l'affaire de trois présumés terroristes marocains arrêtés à Maghnia en 2009, poursuivis pour appartenance au Gspc sera également rouvert lors de cette session. Il s'agit de trois ressortissants marocains (B. Y. A, B. A. M.) âgés entre 20 et 24 ans dont un parmi eux a déclaré devant le juge d'instruction être un agent des services de sécurité marocains. De plus, pour la première fois dans les annales judiciaires, le procès d'ex-détenus de Guantanamo se tiendra dans le cadre de cette session. Ainsi, les dénommés Tarari Mohamed, Abdeli Feghouli, Hamlaoui et Habdes extradés en Algérie devront répondre de leur appartenance à l'organisation de Ben Laden. Reportée à plusieurs reprises, l'affaire des acolytes de Abderezak El Para poursuivis pour enlèvement des touristes allemands dans le Sud en 2003 sera aussi examinée dans le sillage de cette session, ainsi que les affaires liées aux attentats kamikazes contre le commissariat de la Bmpj de Bab Ezzouar et le Palais du gouvernement. Pas moins de 56 terroristes dont 49 en fuite à leur tête, Droukdel, sont poursuivis dans le cadre de cette affaire. Dans le même registre, la cour a enrôlé le procès du repenti Brahim B., un ex-terroriste réfugié en Allemagne. Ce dernier ayant déjà bénéficié des dispositions de la réconciliation nationale est poursuivi pour adhésion à groupe armé et diffusion de la terreur parmi les citoyens et homicide volontaire avec préméditation. Par ailleurs, une autre affaire de fraude fiscale impliquant Achour Abderrahmane est également prévue aux rôles de cette session. Enfin, aura lieu également le procès des auteurs d'une importante affaire de trafic de billets de banque où dix inculpés dont le propriétaire d'une imprimerie, ont été arrêtés l'année dernière, suite à l'interpellation de l'un des accusés en possession d'une somme de 9 milliards de centimes en fausse monnaie.