«Il ne fera pas long feu», part d'une ambivalence entre deux expressions, d'où l'énigme qui entoure le roman. «J'espère qu'il fera long feu», avait déclaré une dame, la cinquantaine révolue. A.N. était au rendez-vous à la librairie du Tiers-Monde, place Emir Abdel Kader à la rue Larbi Ben M'hidi à Alger. Samedi, la librairie a été le théâtre d'un véritable événement littéraire. Hamid Grine, écrivain-journaliste, y avait fixé rendez-vous à ses lecteurs. Il y organisait la vente-dédicace de son dernier roman Il ne fera pas long feu. Une table lui est réservée au coin, à gauche de l'entrée. Sur la vitrine sont exposés les exemplaires du titre qui faisait l'événement. Les lecteurs également ont été ponctuels et surtout très nombreux. La vente-dédicace s'est déroulée dans la convivialité. Il est de ces moments où une communion totale s'installe entre l'écrivain et son public. Derrière ses lunettes, le regard vif, l'auteur nous narre l'histoire qui a «provoqué» l'écriture du roman. «Au départ, j'étais en train de travailler sur trois livres. Donc, le projet de ce livre n'était pas du tout prévu.» Il ne l'était pas du tout, ou presque. Mais l'idée lui taraudait l'esprit depuis un moment déjà. Laissant à l'auteur le soin de poursuivre: «Il y a une année, un patron d'un journal à petit tirage est venu me voir. Il voulait avoir mon avis sur l'achat d'un bar-restaurant en Europe. Moi qui croyais qu'il avait besoin de mon point de vue sur le plan journalistique, j'étais tombé des nues. Depuis, l'incident n'a pas cessé de me tarauder l'esprit.» Et c'est le déclic! Quelques mois après, le premier roman sur la presse algérienne était né. «L'écriture du roman m'a pris un mois, sa correction 9 mois.» En tout, il a fallu 10 mois pour que le livre soit finalisé, puis mis en vente. L'histoire du roman est celle de Hassoud, un patron de journal, en l'occurrence L'Espoir. Pour gravir l'échelle sociale, Hassoud oublie jusqu'à son appartenance sociale. Pour lui, la propreté est l'apanage de la bourgeoisie, la saleté est le propre du peuple. Il est aveuglé par l'argent et la quête effrénée du pouvoir. Dans cette quête infernale, Hassoud se fait avoir par Si Messaoud, le patron de la Société algérienne des tubes (SAT). Le mauvais tour du propriétaire de SAT tourne au drame pour le patron de L'Espoir. Les événements se suivent jalonnés d'intrigues, de coups bas, de trahisons et de relations extraconjugales. Ainsi, se décline un monde où l'argent fait loi au royaume du «reniement de soi». Sur ce plan, les lecteurs en auront pour leur compte et...leur argent. Parmi ces derniers, Nasreddine Baghdadi, directeur d'archives à la Radio nationale, témoigne: «Ce qui est bien dans l'écriture de Hamid Grine c'est qu'elle est simple et prégnante. Dans son style subsistent encore les réminiscences de l'écriture journalistique. Mais je pense qu'il fait partie des romanciers réalistes.» Pour Kamel Sidi Saïd: «L'écriture de Hamid Grine est simple. Cela dit, son texte a une emprise sur le lecteur. C'est le genre de texte qu'on lit d'un seul trait.» Voilà qui promet pour les férus du roman Il ne fera pas long feu.