Après avoir fait des heureux, la fête des bulles épousait les contours de la musique grâce aux volutes méditatives et extatiques du groupe Gaâda de Béchar. Le 2e Festival international de la bande dessinée d'Alger (Fibda), qui s'est déroulé du 14 au 18 octobre, sous le thème «Alger, Baie des Bulles», a été clôturé dimanche soir par une cérémonie de remise de prix pour le moins expéditive. Cela a commencé par un petit couac survenu juste au début de la soirée quand l'ingénieur du son du groupe Gaâda Diwan de Béchar qui anima la seconde partie de la soirée, a demandé à l'assistance de quitter la salle. Il fait savoir que dans la salle, hormis le public, était assis au premier rang la ministre de la Culture et tout le staff organisationnel était aussi présent. Après cet intermède d'infortune relativisé par l'artiste Abdelati qui s'excusera du malentendu, la cérémonie pouvait commencer. Mais voilà que la commissaire dudit festival, Mme Dalila Nedjam, avait bizarrement l'air pressé d'en finir avec son discours. La ministre de la Culture, vraisemblablement mécontente, faut-il le souligner, a quitté la salle en plein milieu de la cérémonie. D'aucuns affirmaient qu'elle avait ses dossiers à réviser en prévision du Conseil des ministres qui devait se tenir hier matin. Quoi qu'il en soit, cette clôture d'un événement de taille qui a reçu beaucoup de monde, s'est terminé quelque peu en queue de poisson. Heureusement que les jeunes passionnées de BD étaient là pour détendre et rehausser l'atmosphère dans la joie et la bonne humeur. Quant aux officiels, ils ont bel et bien confirmé leur réputation de gens guindés. Dans son allocution de bienvenue, la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi, a mis en exergue l'importance de ce 9e art qu'est la bande dessinée qui se veut «un art à part entière et qui a gagné ses "bulles" de noblesse en étant à la fois un instrument de loisir, de découverte et de création». Elle relèvera le potentiel que recèle notre pays avec ses créateurs confirmés et reconnus ici et à l'étranger. «Cette 2e édition nous a confirmé l'extraordinaire potentiel que renferme notre pays dans les jeunes et très jeunes talents et cela augure de belles perspectives», a-t-elle dit avant de rendre un hommage appuyé à Slim, «l'un de nos brillants bédéistes». «Ses dessins sont plus que des dessins, ils sont le témoignage de notre temps, comme un marqueur de notre histoire récente, une part importante de notre culture populaire à l'instar de peintures rupestres du Tassili», a-t-elle affirmé. Mme Toumi a mis ainsi en valeur le «travail de qualité, original et génial» de Slim, dont l'oeuvre, a-t-elle annoncé, sera rééditée et traduite en arabe et en tamazight par le ministère de la Culture. Après présentation du jury national et international, les prix pouvaient être décernés. Aussi le Prix de la reconnaissance a été attribué à M.Saïd Zanoun, le doyen des bédéistes algériens. Le Prix du patrimoine a été décerné, à titre posthume, au bédéiste Sid Ali Melouah, qui avait participé à la création en 1968 de M'Quidech, la première revue algérienne de bande dessinée. Pour le concours international, le Prix de la meilleure bande dessinée en langue arabe est revenu à Lina M'haredj et Maher Ali Samra (Liban) pour le livre Encore une année, tandis que le Prix du meilleur album a été décerné à Dan et Galandon (France) pour leur album Tahia El Djazaïr. Le Prix du meilleur projet en langue étrangère a été attribué à Didier Kassaï (République centrafricaine) pour Pouce-pouce et le Prix de la meilleure revue aux publications Fourtou (Algérie) et El Samendal (Liban). Les deux sont arrivés ex æquo car, nous dit-on «de bonne qualité tout en étant et diamétralement opposés dans le traitement de la BD. L'un aborde tout ce qui est expérimental et l'autre plus ludique est basé sur le divertissement». Par ailleurs, le 1er Prix de la meilleure affiche a été remis à Benali Youcef alors que le 1er Prix jeunes talents est revenu à Aïdaoui Tahar et celui de Espoirs scolarisés à Narimane Mezghiche. Pour rappel, le programme du Fibda 2 a été encore riche cette année et comprenait une série d'expositions, des ateliers, un colloque sous le titre «La femme à l'assaut de la BD», des projections de films ainsi que des conférences.