En raison des lacunes enregistrées sur le terrain, le ministère de la Santé n'avait pu prendre en charge que 7% des caries en milieu scolaire. Silence. 60% des élèves scolarisés en Algérie souffrent du problème des caries dentaires. Se voulant plus réaliste, Mme Farida Bouchouchi, chargée des programmes de santé bucco-dentaire au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a affirmé «ce pourcentage ne reflète pas la réalité qui dépasse largement ce taux». Les chiffres avancés par une enquête réalisée en milieu hospitalier sont plus alarmants. En effet, cette enquête a démontré que le taux de caries dentaires chez les enfants est de 90%, soit une moyenne de neuf enfants sur dix. C'est un fléau qui induit un problème majeur de santé publique. Un programme national spécial a été d'ailleurs tracé par l'Etat qui alloue un budget de 1,5 milliard de dinars et ce, pour la fourniture aux élèves de comprimés de fluorure de sodium. Ces derniers sont remis aux parents d'élèves dans les écoles en présence de dentistes. Dans ce contexte, Mme Bouchouchi a expliqué que «le fluor est fourni sur prescription médicale aux élèves qui en ont besoin, selon le poids et l'importance des caries», et d'ajouter que «tous les élèves sont concernés, y compris au niveau des écoles coraniques et préparatoires». Le fluor n'est pas distribué dans les wilayas, les communes et les villes dont l'eau est fluorée. Révélant d'autres statistiques, cette responsable a annoncé que 60% des élèves ont bénéficié de cette opération durant la première année du programme après avoir subi des examens médicaux et 40% pour les deux années suivantes, alors que le programme de santé bucco-dentaire a touché pas moins de 36 wilayas du pays, excluant, toutefois, les wilayas du Sud réputées pour leurs eaux fluorées. Concernant le programme, conçu en collaboration avec le ministère de l'Education nationale, il a touché les enfants âgés de cinq à douze ans, une catégorie d'âge qualifiée par les spécialistes de «très importante» dans la formation des dents définitives. Cette initiative, jumelée à des campagnes de sensibilisation encourageant le brossage des dents, vise à réduire de 25% les risques de carie durant les cinq premières années du lancement du programme. Cependant, il a été fait état de problèmes ayant entravé l'application du programme national de lutte contre la carie dentaire parmi lesquels Mme Bouchouchi a cité la négligence des parents qui, dans la plupart des cas, ne donnent pas à leurs enfants la prise quotidienne prescrite de fluor. Outre cela, elle a mis l'accent sur «l'incapacité des unités d'examen médical scolaire à prendre en charge tous les cas de caries, en raison de l'indisponibilité des équipements», soulignant, notamment que sur 1640 unités, 500 seulement ont bénéficié de fauteuils d'orthodontie. Pis encore, «il est impossible de prendre en charge les caries dentaires de chaque élève algérien, en raison de la hausse du nombre de caries enregistrées et du nombre d'élèves auscultés dans chaque unité, estimé chaque année entre 6000 et 8000», a-t-elle indiqué. D'autre part, Mme Bouchouchi a souligné que le ministère de la Santé, et en raison des lacunes enregistrées sur le terrain, n'avait pu prendre en charge à ce jour que 7% des caries en milieu scolaire.