Les services du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière comptent se lancer incessamment dans une campagne de redynamisation du «programme fluor» en milieu scolaire.Un programme mis en marche en 2006/2007 sans toutefois connaître une véritable avancée sur le terrain. Pas par manque de moyens financiers, d'ailleurs, l'enveloppe dégagée pour sa première année d'exécution n'est pas consommée complètement jusqu'à présent. Elle est de 150 millions de dinars pour la seule première année. Le programme existe depuis trois ans. Soutien et rejet Il est vrai que le ministère avait calculé ses prévisions sur la base d'une administration des comprimés de fluor pour tous les enfants, âgés entre 6 et 12 ans, alors que sa prescription n'a concerné que ceux parmi les enfants examinés qui répondent mal aux problèmes carieux. Il est tout aussi vrai que le programme a suscité des controverses au sein même de la corporation médicale. En effet, des chirurgiens-dentistes et autres spécialistes de la santé bucco-dentaire se sont élevés contre la mise en application de la nouvelle mesure ministérielle. Les «récalcitrants» évoquent les risques de fluorose dentaire du fait que le fluor existe déjà dans l'eau de boisson quotidienne dans pratiquement toutes les wilayas du pays et «en abondance». Aussi, soutiennent-ils, la fluorose dentaire est-elle déjà un problème dans les régions du sud du pays. Voici un commentaire du Dr Kessassi, du bureau de déontologie médicale de la wilaya d'Alger: «Cela se passe au moment où bon nombre de pays du monde essayent de s'interdire le fluor, comme en Belgique». Selon une spécialiste en chirurgie dentaire, l'Algérie est classée parmi les 25 pays où le fluor est abondant dans ses ressources en eau et ses aliments. «Pourquoi distribuer alors des millions de comprimés de fluor dans les établissements scolaires ?» s'est-elle interrogée.D'autres réactions de rejet ont suivi, soutenues par des articles de presse qui évoquent les mêmes arguments. Une opposition qui n'a pas été sans effet sur le ministère, sans toutefois que ce dernier décide d'arrêter son programme. Avant le fluor, un brossage dentaire régulier Cela a continué mais difficilement, lentement. Conséquence : la carie dentaire continue de faire des ravages chez les enfants. Les chiffres officiels indiquent qu'un enfant sur deux a au moins une carie dentaire. Et encore ! Les chiffres sont sous-évalués. Voilà qui décide le département de Saïd Barkat à reprendre son programme. Le ministère profite de la période estivale pour une large diffusion de l'information sur les chaînes de télévision et de radio. Une campagne médiatique sera donc lancée incessamment. Elle ciblera les enfants, les parents, les enseignants… mais également les chirurgiens-dentistes. A l'approche de la nouvelle rentrée scolaire, les médecins spécialistes se présenteront à nouveau dans les établissements, examineront les enfants et prescriront les comprimés à ceux qui en ont besoin. Car, comme le rappelle Mme Farida Bouchouchi, la chargée du programme au niveau du ministère, seuls les enfants qui présentent des risques de problèmes carieux en bénéficieront. A commencer par ceux qui ont des prédispositions génétiques à la carie dentaire. Pour les autres, en particulier ceux des régions du sud du pays où le fluor est effectivement disponible en grande quantité, un brossage des dents régulier est toujours recommandé. Là aussi, insiste la représentante du ministère de la Santé, l'utilisation de comprimés au fluor est une mesure complémentaire au brossage des dents. La prévention contre la carie dentaire consiste en un brossage correct et régulier des dents. Et cela commence par l'achat d'une bonne brosse à renouveler tous les trois mois, avec un bon dentifrice. Par ailleurs, assure la représentante du ministère de la Santé, les chirurgiens-dentistes qui se présentent à l'école ne décident de prescrire les comprimés aux enfants qu'après avoir vérifié le taux de fluor dans l'eau de la commune de résidence. K. M.