Plusieurs foyers de protestation et de colère ont éclaté. Le corps sécuritaire est en état d'alerte. Des centaines de jeunes ont investi, hier matin, le Cours de la Révolution dans un vaste mouvement de protestation, bloquant ainsi la circulation et l'accès à l'Hôtel de Ville du chef-lieu de la wilaya de Annaba. Revendiquant un emploi pour les uns et les salaires pour les autres, les manifestants se sont donné le mot pour crier leur ras-le-bol. Les premiers s'insurgent contre les fausses promesses d'embauche, et ont été même jusqu'à évoquer le discours du président de la République Abdelaziz Bouteflika, qui, lors de ses différents discours pour la campagne présidentielle, avait évoqué la création de trois millions de postes d'emploi. «On n'a rien vu venir, on ne fait qu'attendre», criait un jeune dans la foule en ajoutant: «Où sont les trois millions de postes de travail promis à la jeunesse? De quelle jeunesse, celle des grosses pointures, qui roulent en voitures et claquent l'argent de papa le P-DG et maman la directrice?» Une voix s'élève dans la foule déchaînée: «Ces jeunes n'ont pas besoin de quitter le bled. Ils ont tous des maisons, de l'argent et des passeports. Ils voyagent quand ils veulent.» La colère monte d'un cran. Les protestataires exigent la présence du premier responsable de la wilaya. «Ramenez-nous le wali, lui seul saura trouver une solution», s'écrie la foule. Chômeurs et impayés se sont entremêlés. Ces derniers ont aussi interpellé le wali, quant à leurs dus impayés par l'APC de Annaba. «On a travaillé mais on n'a jamais été payés.» Chaque mois c'est le même discours, «on ne nous a pas versé l'argent pour vous payer», raconte un jeune homme en ajoutant: «On en a marre de travailler gratuitement.» Un autre renchérit: «Où est passé l'argent que l'Etat a déboursé?» Telle sont les revendications des manifestants. Un vent chaud a soufflé hier sur la région est du pays, faisant grimper le thermomètre à 28°. Face à ce déluge de colère, les services sécuritaires se sont déployés en nombre impressionnant dans tous les endroits sensibles de la commune de Annaba afin de parer à toute éventualité de dérapage. Car en dépit du dialogue apaisant des forces de l'ordre, qui ont tenté tant bien que mal de calmer les esprits des protestataires, la détermination de ces derniers demeure inflexible incontournable. Et au moment où nous mettons sous presse, la masse des protestataires s'est amplifiée au risque de prendre des proportions démesurées, à l'image de la grogne des jeunes de Sidi Amar, qui sont sortis avant-hier, dans un mouvement de protestation similaire, et avant lui, celui du 13 du mois en cours, où des centaines de jeunes employés dans le cadre du dispositif d'insertion professionnelle (Daip) ont manifesté devant le siège de l'APC de Sidi Amar pour exiger leurs salaires.