Longtemps oubliée et méprisée, la commune de Ouled Rached espère sortir de son isolement même si beaucoup reste encore à faire... Une visite à Ouled Rached était devenue nécessaire. Elle est considérée comme l'une des communes les plus pauvres de la wilaya de Bouira. Elle compte plus de 10.000 âmes. L'agglomération, quant à elle, a été promue en 1984 au statut de commune alors qu'elle était attachée à Ath Laksar. Elle compte plusieurs bourgades à l'image de Hellassa, El Hammam, Thizza, Thamemachet, Assif Lekhmis, Thala M'liha, Chiboune et Aboulil. Désireux de donner à cette commune, relevant de la daïra de Bechloul, les chances de son développement, le wali de Bouira s'y est déplacé jeudi dernier pour lancer plusieurs projets socioéconomiques longtemps attendus par les citoyens. A chaque halte, une foule de citoyens a profité de la présence des responsables pour poser ses problèmes. Même si ces doléances ne diffèrent pas de celles du reste des habitants de la wilaya, Ouled Rached donne l'impression d'être une bourgade abandonnée et oubliée. Eparpillés dans une zone montagneuse, encerclés par un massif boisé, les villages et le chef-lieu de cette commune ont longtemps vécu l'enfer. L'été, c'est le manque d'eau qui est signalé. Depuis des années, les villages sont privés d'eau en raison du manque de pluie qui caractérise la région. Les citoyens ont, pendant des années, stocké l'eau dans des citernes. L'eau était ramenée d'El Adjiba, d'Ahl Laksar et de Bechloul. Un projet d'alimentation de la commune et ses sept villages à partir du grand barrage de Tilesdit a été inscrit au titre du programme d'équipement pour un montant de 9 milliards de centimes. Concernant toujours le secteur de l'hydraulique, les villages de Tala M'liha et Chiboune bénéficient de projets d'assainissement alors qu'Aboulil sera alimenté en eau potable à partir du barrage tout comme Guemgoum dans la commune d'El Esnam. Au niveau du bourg Tala M'liha, 40 foyers sont concernés par le projet d'assainissement sur 2 km. Le projet, qui date de 2008 a été lancé et l'entreprise commencera les travaux avant la fin du mois. Les habitants apprendront qu'un quota supplémentaire de 140 habitations rurales est affecté à la commune de Ouled Rached. Le second problème, auquel sont confrontés les habitants de la région, concerne les voies d'accès. Il est opportun de préciser que depuis des années, le transport fait défaut. Ainsi, et mis à part une ligne qui relie la commune au chef-lieu de wilaya, aucun village ne dispose d'une desserte de transport collectif. Les villageois font de longs trajets à pied lorsqu'ils ne s'agrippent pas à un tracteur ou à une camionnette pour atteindre Ouled Rached. Cette situation touche d'autant plus les écoliers qui sont contraints de traverser monts et vallées pour se rendre en classe. Les lycéens sont orientés vers la commune voisine d'Ahl Laksar. La DTP, et à l'occasion de cette visite du premier responsable de la wilaya, a présenté la carte du réseau routier de la commune et les différentes interventions retenues pour le début de la nouvelle année. Une maison cantonnière sera érigée pour permettre un suivi et des interventions rapides sur les chemins communaux et sur les chemins de wilaya nos 11 et 24. Une enveloppe globale de 151 millions de DA est retenue pour ouvrir des voies vers El Hammam, El Hachimia et Draâ Ouled M'hamed. La mise à niveau sur 1,3 km de la route reliant Ahl Laksar au village de Taghzout a réjoui les usagers qui voient là les prémices du développement. La réhabilitation du tronçon Ouled Rached-Ouled Abdallah sur 3,2 km, confirme cet espoir de voir la région se développer. A Taghzout, relié aux autres villages par une route en piteux état, les habitants ont sollicité une voie vers Chréa. Ils ont aussi réclamé une stèle à Ighil Nameur pour commémorer une bataille qui a duré plus de 24 heures. Une aide pour la gestion de la mosquée fait partie des doléances des citoyens. Le plus important reste le désenclavement de cette localité encerclée par un massif montagneux et fortement boisé. Bon nombre de doléances ont été retenues par la commune car revêtant un caractère prioritaire.Ainsi, la route qui reliera Taghzout à Ighil Boulghoum et Ahl Laksar coûtera 19 millions de DA et l'entreprise a pris l'engagement de commencer les travaux dès la semaine dernière. Un accès est retenu entre Taghzout et Chréa sur 6 km linéaires. Le stade à l'état d'abandon sera réservé à la direction des forêts et la Protection civile qui y établiront, d'une part, un camp avancé de lutte contre les incendies, et d'autre part, la création d'une pépinière. Un autre site plus proche du village sera affecté à l'aménagement d'un stade. Le chômage et à l'instar de beaucoup d'autres circonscriptions à travers le pays, fait des ravages. La jeunesse, la catégorie la plus exposée, vit au rythme de l'attente d'un projet en mesure d'endiguer ou du moins de réduire le fléau. Devant cette impasse, les jeunes villageois recourent à une fonction illégale: vendeur de bois. La richesse de la région en matière de forêt aidant, les exploitants se sont vite multipliés portant un sérieux coup au patrimoine forestier. Pour essayer d'endiguer ce fléau, la wilaya a, sur proposition des élus locaux, prévu d'affecter 21 locaux professionnels dont la réalisation débutera incessamment. La résorption de l'habitat précaire n'est pas en reste. Le wali, qui est à sa deuxième visite depuis son installation à la tête de la wilaya, continue de s'intéresser à ce problème. Il a même lancé une étude globale sur l'habitat rural et l'éradication de l'habitat précaire à Ouled Abdallah. Les résultats ont été présentés par le département concerné. Plusieurs projets de réalisation de logements sociaux locatifs ont été retenus. Le premier responsable exige du bureau d'études d'adapter les réalisations aux spécificités de la région. «Evitez des constructions en R+3, il faut privilégier l'habitat individuel surtout que les contraintes foncières n'existent pas», dit-il. Le souci de faciliter la vie aux villageois est confirmé par l'ouverture d'une antenne administrative à Assif L'kherniss au sud de la commune. Une partie inoccupée du bâtiment est transférée à la direction de la culture qui y installera une salle de lecture. L'étage supérieur sera aménagé en logement pour le responsable de cette antenne. Le stade et la salle polyvalente sont des structures dont les jeunes ont grandement besoin. Les habitants qui ont accueilli le wali, se sont réjouis de cet effort des pouvoirs publics, mais gardent l'espoir que les jours à venir soient meilleurs surtout que la région a retrouvé la quiétude et la sécurité après une lutte qui aura duré une décennie contre les fossoyeurs de l'espoir. Lors de sa halte au niveau de Taghzout, le wali et la délégation qui l'a accompagné ainsi que les nombreux habitants se sont recueillis sur le lieu de l'assassinat de trois jeunes. Le 7 octobre 2007, la nuit du 27e jour de Ramadhan, trois jeunes, Laïdli Mohamed, 29 ans, Gouizi El Hadj, 26 ans et Gouizi Rachid, 17 ans, ont été froidement assassinés par les terroristes qui sévissaient dans la région. «L'Etat algérien reconnaît ses dignes fils et filles. Toutes les doléances des familles des victimes sont prises en charge sous ma responsabilité», a-t-il dit.