«Désormais, l'Algérie sera plus attentive et plus vigilante dans le choix de ses partenaires.» Une source proche de la présidence de la République a affirmé, jeudi dernier, à travers l'agence gouvernementale de presse (APS), que les déclarations faites par Lionel Coussi, directeur général d'Orascom Telecom Algérie, à un quotidien national d'information «n'engagent que sa personne». C'est la première fois que la présidence de la République s'engage dans ce type de controverse. La même source a aussi précisé qu'«Orascom sera tenu d'exécuter, à la virgule près, ses engagements vis-à-vis de l'Algérie», avant d'ajouter: «Désormais, l'Algérie sera plus attentive et plus vigilante dans le choix de ses partenaires.» Cette sévère mise au point vient répliquer aux propos de Lionel Coussi qui tentait d'éclairer la position de son entreprise empêtrée dans des difficultés financières. Le directeur général d'OTA a, dans cet entretien, pris à son compte la tonitruante intervention du Président de la République lors de sa visite à la dernière Foire internationale d'Alger. C'est manifestement cette appropriation qui aurait suscité la réaction de la présidence de la République. Bouteflika a, lors de cette visite, sèchement critiqué Alcatel et Siemens auxquelles il reprochait leur manque d'engagement auprès de l'opérateur privé de la téléphonie mobile. Les deux équipementiers, français et allemand, avaient refusé de s'impliquer avec Orascom tant que celui-ci n'aurait pas bouclé son financement. En clair, la mise au point de la présidence est là pour dire que quelles que soient les contraintes que connaît le soumissionnaire égyptien, aucune circonstance atténuante ne lui sera reconnue par l'Algérie. La présidence de la République met ainsi Orascom, agent économique, face à ses engagements et ne tolèrerait aucun échappatoire. La présidence fait montre aussi de sa déception en insinuant que son choix dans la cession du marché de la téléphonie mobile n'était peut-être pas le meilleur. La réaction de la plus haute instance de l'Etat dénote aussi une reconnaissance de l'échec cuisant enregistré par l'Algérie dans son accès au marché des technologies nouvelles de la communication. Lors de l'ouverture des plis consacrant Orascom comme premier soumissionnaire privé pour la téléphonie mobile, des observateurs n'avaient pas manqué de relever le retard de cette initiative. Au-delà d'une donnée purement économique marquée par une déprime généralisée du marché des télécoms, c'est une entreprise politique, celle de l'ouverture d'un marché jusque-là sous contrôle de l'Etat, qui est remise en cause. La présidence voudrait, par cette intervention, remettre chacun devant ses responsabilités.Orascom est dans ce contexte un responsable «pratique» de l'échec. Orascom, qui aura du mal à convaincre les financiers étrangers de remettre la main à la poche, pour combler la bouderie annoncée des banques algériennes, passera en septembre prochain devant l'Autorité de régulation des télécommunications. L'étude du bilan d'activité d'Orascom devant cette instance sera, selon des indiscrétions, étroitement suivie par la présidence. Cette dernière tient, rappelons-le, à ce que l'opérateur respecte «à la virgule près, ses engagements». Devant une telle volonté, l'option d'un retrait de licence n'est pas à écarter. Dire qu'Orascom se trouve dans une position délicate, devient alors un euphémisme.