Les ministères de la Défense et de l'Intérieur et le commandement des soldats étrangers déployés dans le pays s'emploient à assurer la sécurité dans les zones à forte présence rebelle. L'Afghanistan prépare le second tour de son élection présidentielle, après un premier volet entaché de fraudes massives, mais les observateurs s'inquiètent à propos de ce nouveau scrutin, se demandant jusqu'à quel point le vote pourra être libre, sûr et sincère. Les taliban ont appelé au boycott de ce second tour, le 7 novembre, menaçant de représailles ceux qui iraient voter. Combinées à la désillusion de la population envers le processus électoral, ces intimidations font craindre une participation encore plus faible qu'au premier tour, et un manque de légitimité du gouvernement qui sortira des urnes. «L'Emirat islamique (d'Afghanistan) informe à nouveau le peuple que personne ne doit participer à ce processus américain et qu'il faut boycotter ce processus», ont indiqué les taliban dans un courriel. Les insurgés préviennent que «tout électeur blessé sera responsable de sa situation». Les ministères de la Défense et de l'Intérieur et le commandement des quelque 100.000 soldats étrangers déployés dans le pays s'emploient à assurer la sécurité dans les zones à forte présence rebelle. Protéger les électeurs est le coeur du problème: la campagne d'intimidation et de violences des taliban pour le premier tour du 20 août a permis de tenir à distance des bureaux de vote quelque sept millions de personnes. Plus de 200 incidents avaient été reportés ce jour-là, et pour Nader Nadery, patron de la première organisation afghane d'observateurs électoraux, la FEFA, «il ne faut pas s'attendre à un plus faible niveau de violences des taliban» au second tour. La participation nationale avait atteint 38,7%, mais parfois seulement 5% dans les zones à forte présence taliban. Quant à la fraude, 1,3 million de bulletins considérés frauduleux, sur 5,6 millions au total au premier tour, ont été annulés. Ce qui fait dire aux experts qu'il sera bien difficile d'éviter de nouvelles irrégularités. M.Karzaï, après l'annulation d'un million de ses voix pour fraude, a enfin accepté cette semaine d'affronter son ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah, qui a rassemblé 30,59% au premier tour. Le 7 novembre, des bureaux de vote des zones contrôlées par les taliban resteront fermés, car jugés trop vulnérables aux fraudes et aux attaques par les autorités électorales et les Nations unies. «Nous devons supposer qu'il y aura des fraudes au second tour», écrivait cette semaine Bruce Riedel, de la Brookings Institution, un think-tank américain, dans le New York Times. «Il ne faut pas s'attendre à la perfection, mais au moins une meilleure surveillance», ajoutait-il, alors que moins d'observateurs étrangers seront déployés pour ce scrutin qu'au premier tour. La taille de la population afghane restant un mystère, entre 26 et 34 millions d'habitants, il sera difficile pour les autorités électorales d'éviter de nouveaux bourrages d'urnes. Les listes électorales montrent quelque 17 millions d'électeurs inscrits, mais les experts estiment que le maximum plausible serait de 12 millions seulement. Samedi, des chefs tribaux des 34 provinces afghanes s'étaient rassemblés à Kaboul. Ils ont assuré qu'ils pousseraient leurs ouailles à voter, afin d'apporter un gouvernement stable et crédible au pays. «Nous croyons que la solution aux problèmes du pays est de montrer au monde que notre élection est légale et que notre gouvernement a le soutien de la population», a déclaré Faiz-u-Rahman Muslim, un ancien de la province de Khost (est).