Annonce n Déclaré vainqueur de l'élection présidentielle, Karzai a appelé hier les talibans à rentrer au pays et promis de lutter contre la corruption, dans sa première allocution publique. M. Karzaï a aussi estimé que la tenue d'un second tour de scrutin aurait été préférable pour l'Afghanistan, déplorant le retrait annoncé dimanche de son rival Abdullah Abdullah. Le ton était néanmoins à l'unité hier. La paix en Afghanistan sera possible «quand tous les Afghans seront unis et parleront d'une seule voix, travaillant à construire ensemble un gouvernement d'union qui représente tous les Afghans», a-t-il estimé. «Nous allons tenter d'amener la paix à l'ensemble du pays. Nous en appelons à nos frères talibans pour qu'ils reviennent en Afghanistan et à cet égard nous demandons l'aide et la coopération de la communauté internationale», a déclaré Hamid Karzaï. Pour Kaboul, les chefs talibans sont réfugiés au Pakistan voisin. Hamid Karzaï a déjà proposé à plusieurs reprises au mollah Omar, le chef suprême des talibans, de rejoindre le processus politique, garantissant même leur sécurité vis-à-vis des forces internationales, en vain. L'Afghanistan est en proie à une violente insurrection des talibans, chassés du pouvoir fin 2001, en dépit de la présence de 100 000 soldats étrangers déployés dans le pays. Le nouveau Président a également promis d'«éradiquer» la corruption qui gangrène le gouvernement et les autorités provinciales afghans jusqu'au plus haut niveau, une exigence récurrente des Occidentaux. «L'Afghanistan a été sali par la corruption. Nous emploierons tous les moyens nécessaires pour éradiquer cette souillure», a assuré M. Karzaï. «Nous allons essayer de prouver à la nation afghane et au monde que les Afghans sont sincères dans leurs efforts et qu'ils vont réussir», a-t-il ajouté. Le Président américain Barack Obama a demandé, ce mardi, «beaucoup plus» à M. Karzaï en matière de lutte contre la corruption. Enfin, le chef de l'Etat afghan est revenu sur les derniers rebondissements ayant mené à la proclamation de sa victoire, hier, lundi, après le retrait dimanche de son rival, l'ancien ministre des Affaires étrangères Abdullah Abdullah. Ce dernier était arrivé en seconde position au premier tour du 20 août. M. Abdullah avait invoqué des risques de fraudes massives, comme celles qui avaient entaché le premier tour, au point d'entraîner l'annulation d'un quart des bulletins de vote, pour justifier sa décision. «Nous espérions, et cela aurait été meilleur pour notre pays, pour le processus démocratique et pour nous, que notre frère le Dr Abdullah participe au second tour et que le second tour ait lieu», a dit le président. «C'est cela que nous voulions», a-t-il ajouté. Après le calamiteux premier tour, entaché de violences, d'une très faible participation et de fraudes massives, M. Karzaï s'était arc-bouté sur sa certitude d'avoir gagné dès le 20 août, avant d'accepter un second tour sous la pression intense de la communauté internationale.