L'explosion a creusé un énorme cratère, faisant s'effondrer un immeuble et de nombreuses échoppes du bazar bondé de Meena, le plus fréquenté de la grande ville du nord-ouest. «Il y a des membres mutilés, des gens brûlés, des cada-vres, des blessés...», les mots finissent par manquer au docteur Muslim Khan, empressé auprès des victimes du nouvel attentat qui a frappé hier un marché bondé de Peshawar, faisant au moins 86 morts. L'explosion a creusé un énorme cratère, faisant s'effondrer un immeuble et de nombreuses échoppes du bazar bondé de Meena, le plus fréquenté de la grande ville du nord-ouest du Pakistan. «Nous avons reçu les corps de 86 personnes tuées dans l'explosion, qui a aussi fait 213 blessés», explique le docteur Hamid Afridi, responsable du principal hôpital de Peshawar, Lady Reading. «Ce sont pour la plupart des femmes et des enfants. Nous sommes confrontés à une pénurie de sang. Je lance un appel à tous les volontaires pour qu'ils viennent donner leur sang», ajoute un de ses collègues, le docteur Sahib Gul. Le bilan risquait de s'aggraver, de nombreuses victimes étant encore prisonnières des décombres fumants. «L'explosion était gigantesque. Il y avait de la fumée et de la poussière partout. J'ai vu des gens mourir et d'autres hurler de douleur», témoigne Muhammad Siddique, réfugié dans une ruelle étroite bordant le marché. Autour de lui, les pompiers interviennent pour éteindre plusieurs incendies naissants, tandis que les secouristes utilisaient des grues pour soulever d'immenses plaques de béton et de briques, cherchant des victimes et provoquant un nuage permanent de poussière. Des dizaines de volontaires leur prêtent main forte. Une mosquée et trois bâtiments adjacents au marché ont été complètement détruits par l'explosion, qui a endommagé d'au-tres habitations et de nombreuses voitures. Un bâtiment s'est effondré alors que les habitants tentaient d'en fuir les flammes, selon des témoins. Dans la foule, un homme répète à tue-tête le nom d'un membre de sa famille, un autre se mord les doigts pour ne pas pleurer à la vue de son magasin en flammes. «C'était une voiture piégée. Des gens sont encore prisonniers des décombres, nous essayons de les secourir», explique aux journalistes Shafqat Malik, membre d'une équipe de démineurs, qui juge que plus de 150 kilos d'explosifs ont été utilisés. Cette nouvelle attaque, l'une des plus meurtrières au Pakistan, souligne l'ampleur de la menace que les taliban font peser sur le pays, quelques heures après l'arrivée de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, venue rencontrer les responsables politiques et militaires pakistanais. Elle n'a pas été revendiquée mais s'inscrit dans une vague d'attaques organisées par le Mouvement des Taliban du Pakistan (TTP), qui a fait plus de 200 morts pour le seul mois d'octobre. «Il s'agit d'une réponse des terroristes à l'opération menée dans le Waziristan du Sud. Nous les tuons là-bas, ils ripostent dans nos villes», a estimé un ministre provincial, Mian Iftikhar Hussain. «Mais nous ne plierons pas devant les terroristes», a-t-il assuré aux journalistes présents sur les lieux. L'armée pakistanaise est engagée depuis le 17 octobre dans une offensive terrestre visant à déloger les talibans de leur bastion du Waziristan du Sud, dans les zones tribales frontalières de l'Afghanistan. Peshawar se situe en bordure de ces zones tribales où les talibans pakistanais et les combattants liés à Al Qaîda sont fortement implantés. La ville a été frappée par sept attaques au cours des quatre derniers mois.