Carnage n Au moins 72 personnes ont été tuées, hier, samedi, près de Kirkouk au nord de l'Irak dans l'attentat suicide le plus meurtrier en 15 mois. Il intervient à moins de dix jours du retrait américain des villes, selon un nouveau bilan fourni ce dimanche matin par la police et la morgue. «Le bilan de l'explosion de l'attentat suicide au camion piégé d'hier à Taza est aujourd'hui de 72 martyrs», a affirmé le chef de la police locale. Le bilan des blessés est de plus de 200, selon lui. «Il est probable que ce bilan augmente encore car les opérations de recherche ne sont pas terminées», a, pour sa part, affirmé le Dr Ibrahim-Mohammed Jassem, un médecin à la morgue de Kirkouk. Des dizaines de soldats, policiers et membres de la défense civile, appuyés par des soldats américains, continuaient de fouiller les décombres tard dans la soirée, aidés par des équipes cynophiles. Au cimetière de Taza, les familles déchirées et en pleurs procédaient à des funérailles collectives, déposant en terre les corps recouverts de linceuls blancs. Au milieu des décombres, Akbar Zein al-Abidine, un marchand de primeurs de 40 ans, contemplait les restes de son échoppe totalement détruite. «J'ai vu passer un camion dans une rue avoisinante puis, quelques minutes après, j'ai entendu une explosion énorme et le toit de mon magasin s'est effondré sur ma tête», a-t-il raconté. Un autre habitant de la ville, blessé à la tête, a indiqué avoir perdu plusieurs proches dans l'attentat. «J'ai perdu deux membres de ma famille proche et deux cousins», se lamentait-il, expliquant avoir déjà perdu deux de ses frères dans une attaque contre des pèlerins chiites. L'attentat, attribué par les autorités locales à Al-Qaîda, s'est produit dans la ville de Taza à majorité turcomane, à 20 km au sud de Kirkouk. Il a été commis avec une tonne d'explosifs qui ont creusé un énorme cratère et détruit des dizaines de maisons construites avec de la terre cuite. Plusieurs victimes sont mortes dans l'effondrement de 80 maisons. Selon les termes d'un accord de sécurité conclu en novembre 2008 entre l'Irak et les Etats-Unis, les troupes américaines doivent se retirer au plus tard le 30 juin prochain des villes irakiennes, première étape d'un désengagement total prévu fin 2011. L'armée américaine, qui assure que les conditions de sécurité sont remplies pour passer le témoin à l'armée irakienne, a déjà quitté une base de Sadr City à Bagdad, autrefois foyer de l'insurrection chiite, dans le cadre de son prochain retrait.