«Le devoir moral de soutenir la culture en général, et la lecture en particulier, est manifeste, souligne Kaddour M'Hamsadji. «La culture, c'est pour tout le monde et c'est aussi l'affaire de tout le monde». C'est l'avis de Kaddour M'Hamsadji, rencontré au Salon international du livre d'Alger (Sila), qui se tient sous le chapiteau blanc au niveau de l'esplanade du Complexe sportif Mohamed-Boudiaf. L'écrivain vient d'épuiser les quotas de son nouvel ouvrage publié à l'OPU, le tome II de El Qaçba, Zeman (La Casbah autrefois). «Le devoir moral de soutenir la culture en général et la lecture en particulier est manifeste», souligne-t-il. Voulant transmettre quelques autres éléments de réflexion, il ajoute qu'il faut créer un sentiment d'appartenance qui constitue le point de départ. A cet effet, nous aborderons cette question à travers la lecture au niveau du système éducatif. Ayant constaté que cette question a été largement négligée dans le cadre des contributions, tant générales que thématiques, c'est ainsi que l'on va se demander comment permettre l'accès de chacun à la culture en même temps qu'au mieux-vivre ensemble. Quelle politique pour l'éducation et pour la culture? Nous vivons une autre époque, où les manquements au civisme, envahissent notre société en général, même l'école n'est pas épargnée. Le constat qui a été établi par notre interlocuteur fait que celui-ci exprime l'hypothèse selon laquelle l'intérêt porté à la question du civisme révèle une profession en crise profonde. Il laisse entendre toute la souffrance de ce corps confronté à un nouveau professionnalisme dont l'enjeu est le risque de perdre les bénéfices symboliques attachés au métier d'enseignant. Rien ne distingue plus fondamentalement la trajectoire socioprofessionnelle de l'actuel professeur des Ecoles de celle de son collègue du secondaire. L'évolution des conditions d'accès au métier de l'enseignement contribue également à forger un aspect commun. Ainsi, le recrutement des enseignants n'a cessé d'évoluer en quantité, mais pas en qualité (en général sans culture intellectuelle et spécialités), qui ont toujours distingué l'enseignant. L'auteur revient avec passion sur son parcours où cet événement coïncide avec 50 ans d'écriture. Depuis 1959, lorsqu'il publia aux Editions Subervie La Dévoilée, un drame en un prologue et trois actes, opuscule avec une préface d'Emmanuel Roblès et un jugement d'Albert Camus, deux grands écrivains français, nés en Algérie. Kaddour M'Hamsadji avait alors 18 ans. Né le 8 août 1933 à Sour El Ghozlane, Kaddour M'Hamsadji, écrivain, essayiste, poète, dramaturge et conférencier, critique littéraire, animant les pages culturelles du journal El Moudjahid à partir des années 70 pour poursuivre jusqu'à ce jour ses auscultations du livre dans le quotidien L'Expression. Diplômé de l'Ecole normale de Bouzaréah dans les années cinquante, Kaddour M'Hamsadji va donc s'adonner à son premier amour, l'enseignement, activité dans laquelle il passa plus de 50 ans de sa vie. De fait, une fois après avoir gagné une retraite méritée, M'Hamsadji, toujours habité par ce besoin de faire partager son savoir pour les autres, prendra en charge le Centre national de l'enseignement à distance pour lequel il donna le meilleur de lui-même. Parallèlement à ses activités professionnelles, Kaddour M'Hamsadji a écrit, écrit et écrira. Car, si l'on peut percevoir une continuité au fil du temps, c'est bien d'abord dans la volonté d'être de son époque, en mettant son expérience au service des nouvelles générations, en formulant l'esthétique de la littérature du présent, d'une langue et d'une littérature au présent. Mais la «rupture» camouflerait alors une volonté essentielle de continuité. Alors longue vie à notre écrivain afin d'assurer la permanence de ce qu'implique le fait d'écrire, cela dans la conscience du temps.